Atlas de l’empire napoléonien, le dessous des cartes
Un trio d’historiens
Voici la réédition d’un atlas consacré à l’Empire napoléonien dû à la plume de Bernard Gainot, maître de conférences à l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, et de Jean-Luc Chappey, spécialiste de l’histoire des sciences et des savoirs aux XVIIIe et XIXe siècles. L’atlas bénéficie aussi d’une préface de l’excellent historien spécialiste de la Révolution Jean-Paul Bertaud, décédé en 2015, à qui cette édition est dédiée.
Un zoom précieux sur les populations
L’ouvrage compte plus d’une centaine de cartes consacrée à cette Europe napoléonienne constamment en mouvement. Car l’Empire évolua beaucoup entre 1804 et 1815 tant au niveau des frontières que de l’économie. L’atlas permet de voir l’évolution de l’économie, le développement d’une proto-industrie du textile, le développement des routes et du télégraphe. On y découvre aussi une France qui reste la première puissance démographique du continent mais qui commence sa transition : la natalité, sous l’effet de la déchristianisation, de l’égalité successorale et du changement des mentalités, commence à baisser. Pour autant, les femmes restent inférieures en droit et constituent une main d’œuvre malléable et moins bien payée.
Un édifice institutionnel
Cet atlas permet aussi de cerner comment Napoléon a construit son régime. Le suffrage universel ne disparaît pas, il est maintenu au niveau local pour les assemblées primaires de canton mais se substituent ensuite des collèges électoraux, souvent constitués de notables : c’est l’esprit du temps, celui de Siéyès et des brumairiens. On voit aussi que l’édifice repose (on le savait) beaucoup sur les préfets.
Enfin, notons que cet ouvrage très pédagogique bénéficie du travail de Fabrice Le Goff, cartographe très doué qu’on a déjà vu à l’œuvre sur un récent Atlas de la Méditerranée : atlas recommandé !
Sylvain Bonnet
Jean-Luc Chappey & Bernard Gainot & Fabrice Le Goff, Atlas de l’empire napoléonien, préface de Jean-Paul Bertaud, Autrement, mars 2022, 96 pages, 24 euros
