Balanegra, ne jamais réveiller un tueur qui dort…

Auteur de La sagesse de l’idiot, paru en France en 2024 et sélectionné pour le Grand Prix de littérature policière, Marto Pariente est fonctionnaire et écrivain (comme beaucoup). Balanegra, paru au printemps de cette année, vaut, on va le voir, le détour.

Impossible d’échapper à ce qu’on est…

« Il allait falloir deux bonnes heures au vieux fossoyeur de Balanegra pour rentrer chez lui. Les mains vides. Il parcourut le chemin sans hâte, le soleil du matin qui montait dans son dos rétrécissait son ombre. Il suivit le ravin et laissa derrière lui les contreforts de la sierra, à l’endroit où l’or des champs moissonnés parsemés de chênes verts succède aux ronces brunes et à la noirceur du granit et de l’ardoise. »

Coveiro est le fossoyeur du petit village de Balanegra. Il a pris la suite de son frère Richi et s’occupe de son neveu Marco, qui souffre d’autisme. Personne ne fait attention à lui. Mais, avant de creuser des tombes, Coveiro était tueur à gages, un dur. Et un bon auquel beaucoup faisait appel. Il croit avoir rangé son fusil et laissé le passé dans un placard quand Marco disparaît. Et tout devient trouble : on a ce politicien accusé de pédophilie retrouvé mort. Et de vieilles connaissances débarquent. Heureusement, Coveiro a gardé ses réflexes…

Un polar grinçant

Balanegra, roman très bien rythmé, plaira par son personnage principal, un dur qui s’est découvert un peu d’humanité en recueillant son neveu autiste. Mais, comme dans tout bon polar, il y a quelque chose de pourri dans la région et Coveiro, par sens familial, va se faire un peu le nettoyeur du coin. Pourquoi pas, même si on a lu ça cent fois (Hammett et sa Moisson rouge, au hasard). Mais Pariente a le sens du rythme et ne laisse pas son lecteur souffler. Donc on passe un bon moment. A découvrir donc.

Sylvain Bonnet

Marto Pariente, Balanegra, traduit de l’espagnol par Sébastien Rutés, Gallimard « série noire », avril 2025, 224 pages, 20 euros

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