Halcyon : une nouvelle vie, vraiment?

On ne connaissait pas encore Elliot Hackerman, auteur du Passage (Gallmeister, 2020) et de deux romans écrits en collaboration avec James Stavridis, 2034 et 2054. Halcyon se veut à la fois une uchronie et aussi une réflexion sur la vie après… On va voir.

L’immortalité, parlons-en

« La nouvelle de l’immense découverte se propagea : la résurrection, une nouvelle vie, était devenue une possibilité scientifique. L’histoire s’étalait sous la pliure du Richmond Times-Dispatch un dimanche d’avril particulièrement froid. Les deux étroites colonnes de texte décrivaient comment une équipe de généticiens financées par le gouvernement avait tiré des découvertes relatives à la récente cartographie du génome humain pour régénérer des cellules chez des souris cryoconservées. Des semaines, voire des mois après leur mort, ils ressuscitaient ces souris. »

Nous voilà en Virginie en 2004 dans une Amérique où Al Gore a remplacé Bill Clinton (le Monicagate a entraîné sa démission) et battu Bush Jr en 2000. Martin Neumann, historien récemment divorcé de la belle Ginny (il a du mal à s’y faire), vient s’installer à Halcyon, un domaine de l’avocat Robert Ableson, héros de la seconde guerre mondiale. Neumann est venu écrire un livre sur la guerre civile mais voilà que l’actualité sur la résurrection des morts percute son quotidien. Surtout qu’Ableson, qu’il a pris en sympathie, semble avoir été ramené d’entre les morts par le traitement utilisé par les souris. Mais c’est un secret, chut… un secret qui gêne dans sa famille, certains s’étaient déjà partagé l’héritage. Neumann va vivre une expérience tandis que la résurrection des morts s’invite dans le débat politique : Bush Jr veut revenir.

Un roman très riche qui se lit très bien

Halcyon brasse beaucoup de thèmes relevant de la science-fiction : la vie après la vie, une possible immortalité, l’uchronie, etc. La différence ici est le style : Elliot Ackerman a choisi la lenteur, décrivant les personnages et leur quotidien pour raconter son histoire, jusqu’au twist final (réussi). C’est aussi une réflexion sur ce qui fait l’humain. Halcyon est donc, cher ami lecteur, à lire et à découvrir. Tu ne le regretteras pas.

Sylvain Bonnet

Elliot Ackerman, Halcyon, traduit de l’anglais par Janique Jouin-de Laurens, Gallmeister, janvier 2025, 304 pages, 23,90 euros

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