Le dernier cortège de Fidel Castro, les vérités d’un révolutionnaire

Du droit à l’histoire en passant par la politique

Enseignant en droit public à Science Po, à l’école Normale Supérieure et à Paris I, Matthias Fekl a aussi été secrétaire d’état au commerce extérieur puis ministre de l’intérieur à la fin de la présidence de François Hollande. Il vient de publier un ouvrage très étonnant, Le dernier cortège de Fidel Castro, qui est une occasion de revenir sur le parcours mouvementé du Comandante.

Allers et retours

Fekl a décidé de construire son ouvrage par des chapitres commençant en 2016 lors de la mort puis du passage du cercueil dans certaines villes de Cuba et des flashbacks ouvrant sur des scènes du passé de Fidel Castro. On y découvre les grandes étapes de la carrière de celui qui révolutionna Cuba, la débarrassant d’un dictateur corrompu, aux ordres de Washington (et de la Mafia), Batista. Au passage, on y découvre un Castro qui hésita un temps sur l’attitude à adopter face aux États-Unis : rupture ou nouveau départ ? Les maladresses de chaque camp conduisirent à la rupture, bien que des agents de la CIA aient soutenu à ses débits la Rébellion et que Fidel ait été au début très populaire en Amérique, au point de passer au Ed Sullivan Show ! On connaît la suite : la baie des cochons et la crise des missiles. On sait aussi que le 22 novembre 1963, Castro s’entretenait avec Jean Daniel, venu lui délivrer un message d’apaisement de Kennedy, assassiné ce jour-là à Dallas. Le leader cubain en fut anéanti…

Ombres et lumières

On a du mal à imaginer aujourd’hui l’impact de la révolution cubaine et de l’enthousiasme qu’elle déclencha. Cuba était une société inégalitaire, une semi-colonie des États-Unis qui achetait son sucre pour mieux posséder l’île. Castro nationalisa les entreprises détenues par les nord-américains mais échoua à sortir son pays du sous-développement, malgré l’aide soviétique. Par contre, il développa le secteur de la santé, fit un effort important d’alphabétisation des masses et réduisit les inégalités sociales, du moins jusqu’à la fin des années 90. Entretenant un rapport direct avec la population, allant à la rencontre des gens, Castro captivait son auditoire grâce à la force de son verbe et à son charisme hors du commun. Il fut aussi celui qui persécuta les homosexuels, supprima les libertés, musela la presse et les intellectuels, bâtit un parti unique au mépris de tout pluralisme. Il aida aussi au développement de l’Afrique et à la lutte contre l’Apartheid. Castro, c’est tout ça à la fois, un monstre et un homme en même temps.

Contre toute attente, Matthias Fekl a écrit avec Le Dernier cortège de Fidel Castro un ouvrage passionnant qu’on ne peut que recommander.

Sylvain Bonnet

Matthias Fekl, Le Dernier cortège de Fidel Castro, Passés composés, septembre 2023, 272 pages, 22 euros

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