La bombe atomique, dansons au bord du gouffre
Histoire de l’atome militaire
Depuis 1945, les armes nucléaires ont changé la nature de la guerre car désormais la destruction totale de l’adversaire est devenue une option, glaçante. Spécialiste de la guerre d’Indochine, d’histoire du renseignement et de la guerre froide en Asie, auteur des Services secrets français pendant la guerre d’Indochine (Nouveau Monde éditions, 2012), Jean-Marc Le Page propose avec La Bombe atomique une synthèse consacrée aux moments où l’humanité a joué avec sa propre destruction
Des crises nucléaires
Le grand public sait que la crise de Cuba en octobre 1962 a failli à un moment tourner à la guerre nucléaire. Kennedy (pourtant malade) a ici fait preuve d’un sang-froid et d’une grande intelligence politique pour empêcher l’Armageddon. On sait moins qu’en 1983 les soviétiques ont cru que l’OTAN allait déclencher une attaque préventive, interprétant mal des manœuvres en cours. Le grand public ignore que le secrétaire d’État Dulles a proposé, à moitié sérieusement, de donner à la France une bombe pour lever le siège de Diên Biên Phû où que les États-Unis ont mis brièvement leurs forces en alerte lors de la guerre du Kippour. Du bluff ?
La non-prolifération en échec
En tout cas, le club des puissances nucléaires a vu arriver de nouveaux acteurs, comme la Corée du Nord, le Pakistan et bientôt l’Iran semble-t-il. Le traité de non-prolifération, ratifié par les grandes puissances, est donc mis échec et mat. Car l’arme nucléaire, arme de dissuasion, est aussi une garantie de survie pour certains, l’exemple nord-coréen le démontre. Que nous réserve l’avenir ? Ne devons-nous pas redouter un jour l’éclatement de conflits nucléaires locaux, comme au Cachemire ou pire au Moyen-Orient ?
On ne termine pas cette lecture sur un mode optimiste, tant le monde actuel, pandémie ou non, est un endroit dangereux…
Sylvain Bonnet
Jean-Marc Le Page, La Bombe atomique, Passés composés, février 2021, 320 pages, 22 eur