Nostradamus, un imposteur?

Michel Vergé-Franceschi, ancien directeur du laboratoire d’histoire maritime du CNRS, s’est surtout fait connaître du grand public par des biographies : citons notamment de Pascal Paoli (Fayard, 2005), de Pozzo di Borgo (Payot, 2016), plus récemment de Surcouf (Passés composés, 2022) et de Charles Bonaparte (Passés composés, 2023). En 2019, il avait écrit un essai synthétique sur un personnage controversé, Nostramadus, réédité récemment en poche chez Alpha.

Des origines du futur astrologue

De Nostradamus, on connait les Centuries, cette collection de prophéties annonçant des évènements cruciaux de notre histoire… enfin si on adopte certaines méthodes de lectures. Ce livre dévoile en tout cas l’histoire familiale de Michel de Nostredame. Il est en effet issu d’une longue lignée de médecins et astrologues juifs (dont un fut employé par le roi René, comte de Provence). Nostradamus se montra toujours fier de ses origines mais ancra sa vie et celle des siens dans la religion catholique (ce qui ne l’empêcha pas d’être soupçonné de protestantisme). Il bénéficia en tout cas du savoir des siens : Nostradamus fut un botaniste et un médecin reconnu et admiré, soignant les pestiférés à Marseille et à Lyon.

Un prophète ?

On l’a vu, certains de ses ancêtres étaient astrologues et il avait hérité de leur expérience. Se crut-il vraiment capable de prédire l’avenir ? Etudiant, il a joué avec cette idée, peut-être pour se faire une réputation ? Dans les années 1550, il publie ses centuries et ses prophéties. Rappelons le contexte particulier de l’époque avec la montée de l’hérésie protestante et la mort subite d’Henri II, annoncé surtout par l’astrologue napolitain Luc Gaurico. Nostradamus connaît le succès mais il est inquiété : l’humeur n’est plus aux prophètes (de malheur ?), surtout après une autre mort royale, celle du jeune François II. Voyait-il l’avenir ou parlait-il surtout de son époque ?

Il meurt à un âge assez avancé, après avoir brûlé les livres de ses ancêtres. Drôle de personnage…

Sylvain Bonnet

Michel Vergé-Francechi, Nostradamus, préface d’Henri Bismuth, Alpha, juin 2023, 256 pages, 8 €

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