Monsieur Jules, artisan du sexe

Monsieur Jules n’est ni le pseudo d’Aurélien Ducoudray son créateur, ni le métier caché du dessinateur Arno Monin. C’est un personnage conçu pour rendre compte d’une époque révolue où le noble artisan dont vous découvrirez plus bas le métier est quasi en voie de disparition.

Alors courrons tous chez nos épiciers, bars de quartier et bien sûr libraires pour qu’ils ne restent pas des souvenirs furtifs et ne soient remplacés par des chaines et franchises !

Tu dors pas Jules ? Jamais entre cinq et sept heures du mat, c’est là que les choses arrivent.. »

Les méandres du proxénétisme ne vous font pas peur ?

Monsieur Jules habite un quartier de Paris. Il est connu de tous mais personne ne connaît son métier. Non il n’est pas agent double, monsieur Jules n’est que proxénète. Il héberge dans son antre une poignée de femmes à son service ou l’inverse, comme vous voudrez ! Monsieur Jules est un homme taciturne qui jamais ne sourit. C’est un artisan dans la profession comparé aux proxénètes qui pullulent dans la ville et qui profitent d’une manne de femmes soumises et trompées dans l’espoir de changer de vie en venant en France (1).

Cette quiétude somme toute « plan-plan » est bousculée par la découverte dans la rue d’une jeune femme inanimée que Monsieur Jules va secourir. En même temps qu’il la prend sous son aile bienveillante, visiblement sans arrières pensées, il va se trouver face à un réseau de prostitution qu’il combat, à l’antithèse de sa philosophie.

Capote, lubrifiant et arme à feu

Vous n’allez pas toutes les semaines chercher votre commande de 150 préservatifs ? Si ? alors vous êtes soit séducteur professionnel, mytho ou vous avez le même métier que Jules !

Les auteurs ont construit un personnage complexe fait de mystères que l’on perce au jour peu à peu. La première page de la bande dessinée s’ouvre sur Jules, plus jeune, au lit avec une jeune femme. Comment est-il devenu ce vieux proxénète et pourquoi semble-t-il s’accrocher à ses souvenirs ?

Cette histoire graphique s’apparente à un huit clos dans deux pièces ou plutôt deux lieux. Un appartement où tout tourne autour de la cuisine, pièce centrale desservant les pièces de vie, seul lieu où se retrouvent, discutent, s’engueulent cette petite famille recomposée. L’autre partie centrale se trouve être les toits de l’immeuble par lequel on accède avec un peu de pratique mais qui se trouve être l’échappatoire de Jules, il se met à penser, rêver, espérer.

Une histoire d’humanité que le dessin et les couleurs pastel d’Arno rendent douces malgré la tragédie-comédie.

Il est juste dommage de retrouver dans le personnage de Jules certains traits physiques et psychologiques déjà présente dans la série L’Adoption…

Xavier de la Verrie

Aurélien Ducoudray (scénario), Arno Monin (dessin), Monsieur Jules, Grand Angle, septembre 2019, 88 pages, 16,90 eur

(1) C’est ce qu’on appelle en argot un julot, d’où le titre sans doute…


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