Les plus beaux manuscrits du général de Gaulle, les mots du grand homme

Écrivain et intellectuel touche à tout

Comme écrivain, Jean-Pierre Guéno a donné Un amour de stylo (Robert Laffont, 1995) et La mémoire du Grand Meaulnes (Robert Laffont, 1995). Il aime s’inspirer de l’histoire et de la mémoire et livrer des ouvrages où il rend la parole à des anonymes : ainsi de Paroles de poilus (Flammarion, 1998) ou de Paroles de l’ombre, lettres et carnets des françaises sous l’Occupation (Les arènes, 2009). Il s’est déjà intéressé à la figure du général de Gaulle avec De Gaulle à Londres (Perrin, 2010) ou aussi de Gaulle et Marianne selon Jacques Faizant, l’histoire d’amour de la Ve République (Hugo Image, 2014). Ici il a choisi de raconter le Connétable par ses mots, tirés de ses discours, de ses lettres ou de ses mémoires, en retenant cependant un point de vue original.

Le point de vue de la femme

Issu de la génération post soixante-huitarde, Jean Pierre Guéno (filleul du résistant André Frossard) a envisagé cet ouvrage en donnant la parole à Yvonne de Gaulle, elle qui, lorsqu’elle le rencontra, décréta : « ce sera lui ou personne ! ». À l’époque, on croyait, dans le cadre des conventions, au coup de foudre. Ainsi, chaque chapitre introductif est rédigé par Jean-Pierre Guéno qui se place du point de vue de la tristement surnommée « tante Yvonne ». Charles de Gaulle fut influencé par les femmes de sa vie, dont sa mère et sa femme mais il n’en parla que fort parcimonieusement (dans des termes cependant toujours « forts »). Que donne cette démarche au final ?

Le grand homme

Tout d’abord, l’auteur de ces lignes confesse une admiration forte – mais non exempte de critique – pour cette figure hors norme, patriote jusqu’au bout des ongles marqué par la défaite de 1870 face à la nouvelle Allemagne. Non-conformiste aussi car, homme de droite, il n’a jamais hésité à sortir des sentiers battus et à s’allier avec des hommes de gauche face à Vichy mais aussi face aux généraux factieux en 1961. On revit d’ailleurs ces moments dans ce livre plein d’empathie.

Et le reste ?

C’est un bel objet qu’on tient ici dans nos mains. Beau papier, belles images, bel objet. On découvre l’écriture manuscrite du général (pas de fautes d’orthographe mais parfois difficile à déchiffrer!), on se délecte de son sens de la formule aussi, inimitable. Mais voilà, on a souvent l’impression d’être dans l’hagiographie. On aurait aimé ici et là plus de distance critique (sur les harkis notamment), impossible selon le point de vue choisi par Jean-Pierre Guéno. En tout cas, c’est un beau livre qui fera de nombreux heureux pour les fêtes de Noël.

Sylvain Bonnet

Jean-Pierre Guéno, Les Plus beaux manuscrits du général de Gaulle, Hugo Image, octobre 2019, 216 pages, 35 eur

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