L’honneur perdu de la droite, la politique dans tous ses états
Un militant
L’auteur de ce petit livre, L’Honneur perdu de la droite, Christophe Billan, n’est autre que l’ancien président du mouvement catholique Sens Commun né du mouvement de la manif pour tous en 2014. Il a aussi été pendant la campagne présidentielle de 2017 un soutien résolu de François Fillon, candidat des Républicains qui perdit suite aux soupçons d’emploi fictif pesant sur son épouse. Après cet échec qui amena Emmanuel Macron au pouvoir, Christophe Billan a préconisé dans un entretien avec le magazine l’Incorrect une plateforme politique commune avec Marion Maréchal. Devant le brouhaha médiatique, il démissionna. On peut dire qu’avec ce livre il signe son retour dans ce que le microcosme parisien appelle le « débat d’idées ».
Un diagnostic sans appel
De quoi souffre la droite politique aujourd’hui ? La réponse de Christophe Billan est sans appel : elle est atteinte du syndrome de Munich, ce qui signifie qu’elle a renoncé à agir sur le réel et pour l’avenir. Les élus de droite se contentent de gérer le présent et leur réélection, promettant le lundi pour renoncer le mercredi (les meilleurs jours).
Pourquoi ? Parce qu’ils ont sacrifié à « l ‘économisme », autrefois dénoncé par Emmanuel Todd ou Naomi Klein, penseurs plutôt étiquetés à gauche. On découvre ainsi une charge violente contre « l’ordre marchand », manifestation de ce qu’on peut appeler l’ultralibéralisme. Ici, Christophe Billan, ancien président d’un mouvement catholique traditionnaliste, se retrouve à chasser sur les anciennes terres du catholicisme social issu de l’encyclique Rerum Novarum cher à Marc Sangier ou… Charles de Gaulle. On souscrit à son diagnostic, sans hésiter.
Un impensé, la gauche
On se permettra d’être taquin. L’objet du livre est la droite, dans son manque d’honneur et son crime de tout sacrifier à l’économisme, donc à l’ultralibéralisme (appelons un chat un chat). Reste que notre auteur ignore superbement l’autre camp (en pleine déliquescence il est vrai) avec lequel il a ici des thématiques communes dans sa critique de la droite ! C’est un comble ! Qu’en pense la belle Marion !
Quant à l’Europe, il lui consacre quelques pages, indiquant très justement que « L’Europe ne peut pas être un supermarché. » mais après ? Comment débattre face à l’ordo-libéralisme d’origine allemande qui imprègne chaque traité européen ? Et que proposer de précis ?
L’Honneur perdu de la droite pose en tout cas beaucoup de questions, ouvre des débats. Citoyens, réfléchissez !
Sylvain Bonnet
Christophe Billan, L’Honneur perdu de la droite, Plon, octobre 2019, 162 pages, 19,90 eur