« Les Mystères d’Avebury » de Robert Goddard

Avebury, petit village si tranquille

 

Sixième roman de Robert Goddard publié par Sonatine, Les Mystères d’Avebury reprend ses marottes et plonge le lecteur dans un jeu de va-et-vient entre le passé et le présent. Le passé ? une petite fille enlevée sous les yeux de sa nounou, Sally, sa petite soeur qui meurt écrasée par le camion des kidnappeurs, son petit frère qui reste pétrifié par la violence faite à ses soeurs, et les témoins traumatisés à vie. Parmi eux, le jeune universitaire David Umbert, venu sur les lieux rencontrer le mystérieux propriétaire d’un exemplaire original d’une édition spéciale des Lettres à Junius. Le présent ? David Umbert, devenu guide touristique à Prague pour échapper à sa vie, est retrouvé par Sharp, le policier qui avait mené l’enquête à l’époque et qui la rouvre parce qu’il est certain, maintenant, si longtemps après, de pouvoir la résoudre. Un pédophile et tueur d’enfant local est accusé de cet enlèvement, puis condamné. Au terme du procès, Sally et David se sont rapprochés, comme des égarés cherchant un point d’attache. Mais Sally s’est suicidé quelques années plus tard. Suicidée ? Les parents des enfants se sont séparés,  David est un veuf qui oublie sa vie… toutes les personnes touchée de près ou de loin par ce drame voient leur vie partir à vau-l’eau…

Comment sont liées ces vieilles histoires criminelles et le codex Junius ? que cache cet enlèvement ? Reprenant l’enquête, Sharp et David re-questionnent tous les protagonistes et se forgent la certitude que rien n’est aussi clair qu’il y paraissait et qu’une machination criminelle est à l’œuvre.

 

Les Lettres de Junius

Entre 1769 à 1772 le journal londonien The Public Adviser publia une série de lettres qui dénonçaient très violemment la politique de l’Angleterre et dévoilait un grand nombre de secrets d’alcôve. La précision de ces accusations fit trembler l’Etat et la couronne (Georges III est attaqué nommément notamment pour mettre en doute sa légitimité au trône…) mais jamais on ne put identifier avec certitude l’identité de cet épistolier si bien informé, et donc si proche de ses victimes, qui signait du nom de Junius, en référence au meurtrier de César. Publiées plus tard en volume, ces lettres ont connu un très grand succès public.

Ces lettres sont un des rouages du roman de Robert Goddard, un fil conducteur d’une rare intelligence qui nous passionne et qui, au final, débouchera sur une révélation fictionnelle cohérente et plausible, et qui relient entre eux tous les points épars laissés au fil des pages par ce maître du roman à énigmes.

 

On suit l’enquête de David Umbert qui cherche aussi bien à comprendre ce qu’il s’est passé qu’à retrouver le sens de sa propre vie en dénouant la vieille énigme des Lettres de Junius. Et on est happé par l’écriture de Robert Goddard qui prend son temps, alterne les réflexions et l’action, et nous lâche devant une conclusion que personne ne pouvait imaginer. Les Mystères d’Avebury est un très grand roman par l’ambiance que Robert Goddard  maîtrise à nulle autre pareil.

 

 

Loïc Di Stefano

 

Robert Goddard, Les Mystères d’Avebury, traduit de l’Anglais par Maxime Berrée, Sonatine, mai 2017, 480 pages, 22 euros

 

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