Les blessés de Napoléon, le prix humain de la guerre
Napoléon, dieu de la guerre, a remporté un grand nombre de victoires grâce à sa vision tactique, son coup d’œil et son sens de la rapidité. Mais il n’aurait rien pu faire sans ses soldats qui allaient fièrement affronter la mitraille ou sabrer l’ennemi, au prix parfois de blessures et de mutilations cruelles. Nebiha Guiga raconte ici l’histoire de ces blessés.
Des blessés pris en charge…

Ici, on découvre que l’armée française, héritière de règlements issus de l’Ancien régime, avait mis en place un système de prise en charge des blessés, toutefois resté assez rudimentaire. Un service de santé et des hôpitaux de campagne existent mais ont du mal à faire face à l’afflux de blessés lors des batailles. Il en est de même du côté autrichien sur lequel existe des témoignages et de la documentation. Le nombre de blessés ne cesse en tout cas de croître, d’Austerlitz à Leipzig, en corrélation avec les effectifs engagés. Et qu’advient-il de ces blessés ?
On ampute, faute de mieux !
Nebiha Guiga décrit une époque où n’existe pas les antibiotiques ou les sulfamides. Les blessés sont causés par les armes blanches, les balles et… les boulets et la mitraille de l’artillerie : le général Moreau y perd ses jambes puis la vie en 1813. On panse les blessés dès leur arrivée mais, lorsque la blessure concerne un membre, on ampute souvent pour éviter la gangrène. Grosse consommation de charpie et de linge donc. Les descriptions des hôpitaux de l’époque où on ampute à tire-larigot, sont un cauchemar. Les chirurgiens opèrent au milieu des malades et des bras et des jambes coupées (on se croirait dans un Frankenstein de la Hammer !). Les civils habitant à proximité des champs de bataille s’occupent des blessés des deux camps et ceux-ci leur vouent parfois une reconnaissance durable. Ce livre en tout cas fait comprendre à quel point ces guerres furent meurtrières et sanglantes. Glaçant.
Sylvain Bonnet
Nebiha Guiga, Les blessés de Napoléon, préface de Patrice Gueniffey, Passés composés, juin 2025, 400 pages, 27 euros