Le Japon éternel, une fascination durable
Historienne d’art et spécialiste de l’art japonais ancien, Nelly Delay (1932-2021) a organisé de nombreuses expositions dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix dont Les natures mortes japonaises et Les peintures de la cour du prince Genji. Elle est connue pour son ouvrage L’estampe japonaise (Hazan, 1993). Le Japon éternel, après avoir été publié pour la première fois en 1998, a été republié au printemps dernier. C’est un essai court et dense, très réussi comme on va le voir.
Une culture particulière

Au fond, le Japon reste mystérieux pour un occidental. Bien sûr il y a les mangas, les animés, les films, la fascination pour les samouraïs mais au premier abord, on se perd à essayer de comprendre les ressorts profonds de sa culture. Au début de cet ouvrage richement illustré, Nelly Delay propose une explication : cette civilisation est fascinée par la nature éphémère du monde. Et cette culture, modelée par la religion Shinto puis le bouddhisme, s’est attaché à essayer de représenter un monde et sa nature marquée par l’éphémère. Pour mieux s’ouvrir à la conscience de soi et du monde et apprivoiser les esprits de la nature, les Kami.
Dessins, estampes, théâtre
On découvre avec cet ouvrage les évolutions de l’art du Japon, à travers l’histoire, subissant bien plus qu’on ne le dit les influences du continent (Chine, Corée mais aussi l’Inde) et aussi de l’Europe via les marchands portugais puis néerlandais. On y voit la naissance du Nô puis du théâtre Kabuki et de son utilisation si étrange pour un occidental des masques. On voit aussi le développement des estampes avec une technique très particulière ici très bien expliquée. Terminons en notant avec plaisir le chapitre consacré à Hokusai dont les dessins furent diffusés dès la seconde moitié du XIXe siècle en Europe.
Sylvain Bonnet
Nelly Delay, Le Japon éternel, Gallimard, mai 2024, 176 pages, 16,20 euros