Un fruit amer de Nicolas Koch, Alabama burning

1963, Alabama. La ségrégation commence à se fissurer, les populations noires se mobilisent. Martin Luther King est à la manœuvre. Mais le Klu Klux Klan n’entend pas se laisser déposséder de ses traditions sans réagir. C’est dans ce contexte historique hautement inflammable que Nicolas Koch place son roman, Un fruit amer. Pénétrez dans la moiteur du sud et la haine pure !

Sur les terres du KKK

Tout commence par le corps d’une jeune fille retrouvée. Elle a été battue et violée. Sauvagement. Comme il s’agit d’une blanche, la haine raciale va pouvoir se défouler en accusations gratuites et en actes de vengeance. L’irrationnel domine et sert de défouler à une poudrière qui n’attendait que cela. Comme si… Et puis, la victime n’est pas n’importe qui : c’est la fille d’un riche propriétaire, lui-même cet local du Klan. A-t-elle été tué parce qu’elle était en butte aux traditions paternelles et voulait les exposer au grand jour ? Est-ce un crime raciste ou un crime politique maquillé ?

Nicolas Koch prend le temps d’installer ses personnages, de leur donner cette substance qui les rend crédibles et — pour certains ! — attachants. Du redneck abruti mais avec de bons côtés aux élus arrivistes, des grands propriétaires terriens aux petits commerçants qui tous vivent de la main d’œuvre noire, des jeunes plein d’espoir et de révolte aux ambitieux, toute une palette de personnage se met à vivre. Et la foule invisible cette masse noire qui crie du plus profond de son âme pour obtenir le droit d’exister comme individus égaux. Et les étrangers (l’enquêteur du FBI ou les journalistes) vont être autant de regards extérieurs qui vont appuyer l’horreur d’une situation.

Nicolas Koch évite les caricatures et, sans trop s’éloigner de la référence Mississippi Burning, il pose sa propre ambiance avec un vrai grand talent. Un fruit amer est un roman très prenant qui, en outre, pose de nombreuses questions sur les limites auxquelles l’homme est parfois capable pour se déposséder lui-même de son humanité.

Loïc Di Stefano

Nicolas Koch, Un fruit amer, De Saxus, février 2019, 512 pages, 21 eur

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