Ton monde vaut mieux que le mien, de Françoise-Marie Santucci

La vengeance est un plat qui se mange froid

Françoise-Marie Santucci est une journaliste et auteur d’origine corse. journaliste accomplie, elle a occupé de nombreuses fonctions au sein de Libération, a été rédactrice en chef de Next, supplément mensuel culturel/mode du même journal. Par la suite, elle a été chargée de la direction de la rédaction du magazine Elle, qu’elle a quitté en 2016. Elle a grandi en Côte d’Ivoire, pays dont ses souvenirs vont grandement influencer son premier roman, Ton monde vaut mieux que le mien.

Un voyage grisant loin du rêve américain

Amy Saint, brillante ingénieur, quitte la France afin de s’installer à Los Angeles. Elle travaille dans le domaine de la réalité virtuelle, et développe un concept révolutionnaire qui pourrait s’avérer très lucratif.

Dans sa découverte de la ville, elle commence à tisser des liens, fait des rencontres qui vont lui faire intégrer et comprendre les rouages de l’immobilier local. Cette démarche va lui permettre de se rapprocher de son objectif secret lié à un évènement dramatique de son enfance, raison de sa présence si loin de chez elle.

Entre amour, vengeance, et magouilles immobilières, Amy va brouiller les pistes pour mettre son plan à exécution.

Un décor pas si innocent

L’auteur nous fait délicieusement intégrer l’Amérique et les coutumes de Los Angeles, parfois brutales et si différentes de l’Europe que nous connaissons.

On y sent presque le vent californien souffler sur notre visage, et le dépaysement est total. Les descriptions y sont parfaites, donnant au lecteur l’envie de prendre son passeport et prendre l’avion pour rejoindre ce continent tant convoité. De plus, l’ancienne journaliste, riche de ses voyages et de son enfance passée en Côte d’Ivoire, intègre des souvenirs des paysages africains si précis que l’on pense frôler l’autobiographie dans certains passages.

Superbe mise en place, mais….

Les personnages sont très différents, vision réaliste du côté hétéroclyte américain où se cotoient de nombreuses cultures et personnalités. On s’attache à eux, mais les interrogations sur le rôle de chacun dans l’histoire gâche un peu le plaisir.

De plus, une fois passée la joie de l’immersion dans le quotidien californien et sa géographie, l’ensemble est trop édulcoré à mon goût. Pourtant, je m’attendais à un rythme effréné dès la dernière phrase du prologue: « 35 km pour ça : tuer François ».

L’histoire part façon épisode de L world, et frôle parfois la caricature, faisant pointer l’ennui.

Le rythme finit par s’accélérer, mais c’est déjà l’épilogue, nous laissant un goût amer.

En outre, j’ai été très déstabilisée par les dialogues présentés en italiques, qui m’ont longtemps apparus comme des pensées et non des paroles prononcées.

Et après ?

En conclusion, la ballade est belle, fraîche, mais trop fleur bleue pour mon esprit torturé habitué à une littérature plus noire…

Néanmoins, c’est une jolie découverte. J’ai pris plaisir à lire Ton monde vaut mieux que le mien, qui m’a procurée une furieuse envie de me ruer manger de vrais tacos dans un food truck !

Minarii Le Fichant

Françoise-Marie Santucci, Ton monde vaut mieux que le mien, J’ai lu, juillet 2019, 352 pages, 7,60 eur

Lire l’article de Xavier de la Verrie

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