La piste aux étoiles, une aventure de l’embaumeur

Installé loin de tout pour refaire sa vie, Luc Mandoline — plus comme l’instrument de découpe que l’instrument de musique ! — est embaumeur parce qu’il ne voulait pas être serrurier comme son père. Mais c’est un ancien de la Légion, et les serments d’honneur qu’on y fait son infrangibles. Aussi, quand son frère de sang Franck Sauvage l’appelle pour lui demander son aide, dit-il évidemment oui. Ainsi commence les déboires de l’embaumeur, dans La Piste aux étoiles, mené de main de maître par un Nicolas Lebel en grande forme !

Cirque turc

Mandoline est recruté à prix d’or par un artiste fou, qui veut utiliser des corps humains mis en scène pour faire son grand œuvre. On en apprendra alors beaucoup sur les méthodes de conservation des corps, notamment la plastination inventée par Gunther von Hagens. Il refuse, car le projet est fou : recréer La piste aux étoiles, le grand cirque des débuts de la télévision, avec des corps humains… Mais Interpol s’interpose ! S’il accepte et s’il joue les espions, alors toutes les charges qui pèse sur son ami Franck Sauvage seront annulées (et pourtant !).

Le voilà donc embarqué dans le luxe et le délire d’un richissime artiste, au coeur d’un ancien monastère transformé en forteresse, au nord de la Turquie. Au sous-sol, un laboratoire qui ravirait les plus fous des savants fous !

du pulp ! du pulp ! du pulp !

Dans la littérature populaire, que l’on dénigre souvent à tort, il y des pépites. La Piste aux étoiles coche toutes les cases pour en être une : c’est rythmé, drôle au possible (de ces trouvailles de langage !) et entrecoupés de scènes sensuelles au possible ! Mandoline, dans ses œuvres, n’a rien à envier au James Bond de Ian Fleming ou au Hubert Bonisseur de la Bath de Jean Bruce (OS 117 pour les intimes). Un vrai héros !

En outre — ou peut-être : d’abord ! — Nicolas Lebel fait du voyage forcé de son personnage l’occasion de pointer un certain nombre d’horreurs tolérés parce que le monde est devenu fou. Citons la Turquie, dont on tolère tous les crimes parce qu’elle fait barrière aux migrants sub-sahariens, contre forte rémunération ! Ou encore ces usages « artistiques » des corps humains et la manière dont certains pays en font commerce. Ou l’implication des services secrets dans de vraies sales besognes…

Merci Nicolas Lebel pour ce très bon petit tour sur La Piste aux étoiles !

Loïc Di Stefano

Nicolas Lebel, La Piste aux étoiles, French pulp, « l’embaumeur », novembre 2019, 217 pages, 15 eur

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