Minuit à Atlanta, face à la Ségrégation

Un cycle romanesque autour de la période de la Ségrégation  

Après un premier roman, Last Town to Earth, qui reçut le James Fenimore Cooper Prize en 2007, Thomas Mullen s’est lancé dans l’écriture d’un cycle policier se déroulant à Atlanta durant la ségrégation. Il a ainsi publié Dark Town (Rivages, 2018) et Temps noirs (Rivages, 2020)  où on découvrait le personnage de Tommy Smith, flic noir pas très à l’aise dans une ville du Sud sous les ordres du lieutenant blanc McInnis. Minuit à Atlanta reprend ses personnages, à un moment où le mouvement des droits civiques démarre.  

Enquête en eaux profondes  

Jamais Tommy Smith ne choisissait de débuter en parlant d’un cadavre. Ça lui semblait anormal, contraire à la nature. La pyramide inversée par excellence : d’abord la froide finalité de la mort, le fondement de l’existence rejeté à la fin ; puis quelques touches de couleur disséminées, des précisions superficielles disparates sur la richesse d’une vie relevant du passé ; suivies, tout en bas, de quelques maigre paragraphes que nul ne lit. Présenter un article de la sorte, pour lui, réduisait la vie d’une personne. Surtout si l’on considérait que la majorité des gens sur qui il écrivait n’avaient à aucun moment été jugés dignes que l’on parle d’eux avant leur décès.

Smith a quitté la police et est devenu journaliste pour un des grands journaux noirs d’Atlanta, le Daily Times. Il ne manque pas de travail avec le boycott organisé à Montgomery et la montée en puissance du mouvement des droits civiques sans compter le projet de démolition de « Darktown »,  un des plus importants quartiers noirs d’Atlanta. Lorsque son directeur, Arthur Bishop, est assassiné, Smith commence à fureter et à poser des questions. C’est alors qu’il voit un agent du FBI fouiller le bureau de son patron ; puis des flics racistes chercher à mettre le meurtre de Bishop sur le dos de son épouse, Victoria. Smith va alors essayer de s’appuyer sur ses anciens collègues policiers et son ancien chef McInnis pour son enquête mais il manquera d’y laisser sa peau…  

Une société disséquée  

Minuit à Atlanta prolonge le cycle inauguré par Dark Town et confirme les qualités de Mullen : connaissance de la période, style précis et sans fioriture, description au scalpel de la société du Sud des États-Unis. L’intrigue est pour le moins complexe mais donne une peinture assez exacte des relations entre blancs et noirs. Enfin, les personnages séduisent le lecteur.

Minuit à Atlanta nous a donné envie de lire la suite.  

Sylvain Bonnet  

Thomas Mullen, Minuit à Atlanta, traduit de l’anglais par Pierre Bondil, Rivages, mai 2021, 352 pages, 22 eur

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