Au milieu des serpents, fin de parcours

On ne connaît pas ici Patrick Michael Finn, auteur non traduit dans notre paradis francophone. Au milieu des serpents est son deuxième roman, publié chez nous aux Arènes dans l’excellente collection Equinox.

Un père face à sa fille

C’est une histoire qui commence comme ça. Tammy a dix-sept ans, elle a fui sa mère devenue trop bigote pour elle et elle est donc partie. Son idée ? partir en Californie voir Weldon, son père, un ancien alcoolique qu’elle ne connaît pratiquement pas. Alors elle lui téléphone et Weldon vient.

Il la vit assise à l’autre bout du terminus, en jean délavé et baskets noires. Recroquevillée à l’extrémité d’un banc, elle attendait bras croisés contre un sac d’écolière violet, sur son visage un découragement morose plus profond que la simple fatigue du voyage. Elle paraissait un peu plus jeune que ses dix-sept ans. Il avait prévu de la saluer sitôt qu’il la verrait mais il alla s’asseoir sur le banc le plus proche, dissimulé sous la visière de sa casquette.

Weldon l’aborde, la ramène chez lui, lui achète un lit. Mais la cohabitation est compliquée car Tammy aime la drogue et va vite retomber dans ses travers. Elle est prête à tout pour sa dose, y compris à se prostituer. Elle part, Weldon la cherche partout. Au risque de retomber dans l’alcool. L’Amérique n’aime pas les gens vulnérables…

Renoncez à tout espoir…

Au milieu des serpents laisse une drôle d’impression. Patrick Michael Finn dresse un portrait noir de cette Amérique populaire dévorée par ses démons (le Fentanyl n’est pas loin) et où les familles disloquées laissent des adolescents comme Tammy au bord de la route. Ce road trip se terminera mal, je ne vous le cache pas et l’amertume laissée au lecteur durera… Sombre et réussi.

Sylvain Bonnet

Patrick Michael Finn, Au milieu des serpents, traduit de l’anglais par Yoko Lacour, Les arènes « Equinox », août 2023, pages, 19 euros

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