La dame dans le lac de Raymond Chandler, un roman impeccable

L’âge d’or de Chandler

Après avoir publié des nouvelles dans des magazines, Raymond Chandler est passé au roman avec Le grand sommeil où il met en scène pour la première fois son personnage fétiche, Philip Marlowe. Ayant en vue de travailler à Hollywood, il publie consécutivement Adieu, ma jolie et La Grande fenêtre en 1941 et 1942. La dame dans le lac suit en 1943, avant que Chandler parte à Hollywood pour travailler avec Billy Wilder sur l’adaptation d’un roman de James Cain, Assurance sur la mortLa dame dans le lac est un classique du roman noir et vient d’être réédité dans une nouvelle traduction.

Chercher la femme

« L’immeuble Treolar se trouvait, et se trouve encore, sur Olive Street, près de la Sixième, côté ouest. Le trottoir devant l’immeuble était constitué de blocs en caoutchouc noirs et blancs. Actuellement, on les retirait pour les donner à l’État, et un homme pâle, sans chapeau, qui avait une tête de concierge d’immeuble, regardait les travaux ; ce spectacle semblait lui briser le cœur. »

Marlowe est contacté par Derace Kingsley pour retrouver sa femme Crystal. Bien que séparé d’elle, il s’inquiète de ne pas en avoir de nouvelles. Marlowe retrouve la trace de son amant, Chris Lavery, avec qui Crystal souhaitait partir au Mexique. Ce dernier nie avoir vu Crystal récemment. Marlowe fouine et se rend à Puma Point, dernier endroit où madame Kingsley a été vue. Il y rencontre Bill Chess, le gardien du chalet des Kingsley, récemment plaqué par sa femme. Ils marchent sur les rives du lac et un cadavre de femme apparaît : Chess croit reconnaître sa femme et est bientôt embarqué par la police du coin. Marlowe, entête, continue de fouiner. Contre la police de Bay City, qui le tabasse. Parfois contre son client. Car la vérité peine à émerger, tant le destin de Crystal semble lié à de sombres machinations…

La quête de Marlowe

La dame dans le lac est un roman où Marlowe cherche la vérité avec acharnement, comme souvent, mais avec un petit plus. Car l’intrigue concoctée par Chandler dévoile la corruption. Drogues, argent, meurtres cachés et toutes les petites lâchetés ou compromissions de l’américain moyen sont peintes dans ce roman où tout surgit à cause du cadavre d’une dame qui émerge d’un lac : subtile inversion d’un mythe arthurien. Le sens du récit et du dialogue de Chandler est en tout cas toujours aussi efficace et fera les bonheurs de l’amateur de roman noir old school.

Sylvain Bonnet

Raymond Chandler, La dame dans le lac, traduit de l’anglais et préface de Nicolas Richard, Gallimard « série noire », novembre 2023, 336 pages, 14 euros

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