Inner City Blues, vies fracturées

Auteure peu connue en France, l’afro-américaine Paula L. Woods a publié quatre romans mettant en scène les enquêtes de l’inspectrice Charlotte Justice dans le LAPD des années 1990 et 2000. Inner City Blues est le premier de cette série et c’est aussi son premier roman traduit en français par les glorieuses éditions Rivages.

« There’s a riot goin’on… » (Sly and the family Stone, 1971)

« Il y avait douze ans, onze mois et quinze jours que je vivais mes fantasmes de superflic façon série TV – imaginez Christie Love en mieux coiffée -, quand mes frères nubiens ne trouvèrent rien de mieux à faire que de piquer une grosse crise au croisement des avenues Florence et Normandie et de sérieusement chambouler mon train-train. »

Los Angeles, 1992, est en proie à de violentes depuis l’acquittement des policiers ayant tabassé Rodney King. Charlotte Justice est inspectrice au LAPD, la très blanche police de LA, et accompagne ses collègues dans les opérations de maintien de l’ordre. Et ce n’est pas simple, tant les blagues (racistes) fusent, que les comportements violents abondent. Justice sauve un médecin noir, Lance Mitchell, qui manque d’être passé à tabac par des flics pour avoir violé le couvre-feu. Le hasard (mais existe-t-il ?) veut que Mitchell soit le collègue d’Aubrey, son ancien béguin du lycée… Et surtout qu’on découvre le corps de Cinque Lewis, juste à côté. Or Lewis est celui qui a assassiné le mari et la fille de Justice il y a des années. C’était aussi un militant radical de la cause noire. Commence alors enquête qui la mènera à affronter son passé et aussi sa hiérarchie.

Un premier roman réussi

Rien à dire de mal sur Inner City Blues (c’est le titre d’une des plus belles chansons de Marvin Gaye) qui respecte le cahier des charges du polar : une enquête très sinueuse, une policière déterminée mais blessée par la vie, dans un climat social et racial tendu. La description du LAPD est d’ailleurs impitoyable (on se rappelle de l’époque du chef Parker, très bien dépeinte par James Ellroy). Au final le roman plait, secoue un peu, est bien rythmé. Disons que ça commence bien pour Paul L. Woods en France.

Sylvain Bonnet

Paula L. Woods, Inner city Blues, traduit de l’anglais par Isabelle Maillet, Rivages, 2025, 450 pages, 22 euros

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