Le Japon des chasseurs-cueilleurs à Heian : antiquités nippones
Spécialiste de l’histoire japonaise et ancien enseignant à l’INALCO et à l’université de Genève, Pierre-François Souyri s’associe ici à l’archéologue Laurent Nespoulos, membre du département d’études japonaises de l’INALCO. Leur but est de nous proposer un volume, doté de photos, cartes, schémas, racontant la préhistoire puis l’antiquité du Japon, jusqu’à l’an mille : vaste programme !
Un archipel relié au continent
Tout d’abord, il s’agit ici de relativiser l’insularité de l’archipel japonais. Il y a près de quarante mille ans, ce qui deviendra l’empire du soleil levant est relié au continent et les chasseurs-cueilleurs qui ont commencé à le peupler venaient de Corée. Ils eurent à affronter une nature relativement hostile, avec des volcans encore en activité. Si à l’est et au nord-est, les premiers habitants ne se lancent pas dans la révolution néolithique, ce n’est pas le cas dans le nord-ouest où se développe la riziculture, comme sur le continent. Puis se développe dans le Yamato un proto-état, qui mettra plusieurs siècles à se développer et à s’imposer aux sociétés locales. Car ce qui frappe aussi, c’est la pluralité culturelle du futur Japon, on le voit ainsi avec la société aïnoue.
Japon et Asie
L’archipel subit l’influence de la Chine, c’est entendu. L’écriture emprunte ainsi beaucoup à celle pratiquée en Chine. Politiquement, c’est également le cas, que cela soit au niveau de l’institution impérial ou de l’importance donnée aux lois. La Corée est aussi un territoire en contact étroit avec l’archipel japonais. C’est vraiment les tentatives d’invasions mongoles qui vont accroitre (et encore !) l’insularité japonaise. Au final, ce très beau volume des éditions Belin est une formidable porte d’entrée sur une des civilisations les plus fascinantes du monde.
Sylvain Bonnet
Pierre-François Souyri & Laurent Nespoulous, Le Japon des chasseurs-cueilleurs à Heian (de – 36 000 à l’an mille), Belin « mondes anciens », septembre 2023, 608 pages, 49 euros
