Le duc du Maine de Pierre-Louis Lensel, un prince trop modeste
Un historien à la radio
Pierre-Louis Lensel s’est fait connaître du grand public comme auteur pour des émissions comme Au cœur de l’histoire, animée par Franck Ferrand, sur Europe 1 puis bien sûr Franck Ferrand raconte l’histoire sur Radio Classique. Soit. Il s’est ici intéressé à une figure méconnue de l’histoire du règne de Louis XIV et de la Régence, le duc du Maine. Personnage en apparence assez quelconque, il joua pourtant un rôle important, ne serait-ce pas que par son ascendance et ce qu’il incarnait.
Le fils préféré de Louis XIV
Comme la majorité des Bourbons, Louis XIV aimait les femmes. Amoureux d’Athenaïs de Montespan, le roi en eut plusieurs enfants, dont le futur duc du Maine, Louis-Auguste de Bourbon. Comme tous ses frères et sœurs, il est confié à une gouvernante, madame Scarron, future madame de Maintenon. Chétif, boiteux, Louis-Auguste est pourtant l’enfant préféré de sa gouvernante, le « Mignon » de celle qui fut au fond sa « mère adoptive ». Un bâtard royal, voilà ce qu’il est pourtant. Mais Louis XIV a un faible pour lui. Le voici titré duc du Maine, remplissant divers emplois militaires sur le front lors de la guerre de la ligue d’Augsbourg. Il y montre son courage et des aptitudes au combat. Mais le voilà rapatrié à la Cour, marié à une petite-fille du grand Condé. Toujours choyé par son père, il mésestime les menaces. Or les pairs et les princes du Sang le haïssent, surtout lorsque Louis XIV, par un édit de 1714, leur donne une place particulière et les intègre dans l’ordre de succession au trône. Saint-Simon, si on suit ses mémoires, ne s’en remit jamais !
Face au Régent
Nommé au conseil de Régence par son père, il assiste quelque peu médusé à la prise de pouvoir de son beau-frère Philippe d’Orléans qui fait casser par le Parlement le testament de Louis XIV. Fin politique, Philippe d’Orléans élimine peu à peu le duc du Maine des sphères du pouvoir. Des intrigues malheureuses de sa femme, en lien avec des nobles mécontents et peut-être aussi l’Espagne de Philippe V, donnent l’occasion au Régent de l’exiler. Mais ce n’est pas la fin: le Régent au fond le ménage, avec l’idée de ne pas en faire un martyr ou le potentiel chef d’une cabale. On ne soulignera jamais assez (et cet ouvrage le fait) combien Philippe d’Orléans voulait éviter à tout prix des troubles ou des guerres civiles comme la Fronde. Voici ici le portrait d’un prince intelligent, doué et peu politique, qui renonça au pouvoir et à l’influence.
On remercie Pierre-Louis Lensel pour ce beau portrait du duc du Maine, écrit d’une plume alerte et limpide.
Sylvain Bonnet
Pierre-Louis Lensel, Le Duc du Maine, Perrin, septembre 2021, 600 pages, 25 eur