« Possession » de Paul Tremblay, de l’angoisse pure

Un auteur encore inconnu en France (mais pas pour longtemps)

Jusqu’il y a peu, personne ou presque ne connaissait Paul Tremblay en France. Il est pourtant considéré aux Etats-Unis comme un nouveau Stephen King grâce à des romans comme Disappearance at Devil’s rock et a remporté le prix Bram Stoker pour A head full of Ghosts, que Sonatine a traduit sous le titre de Possession.  Avec un titre comme celui-ci, on se demande si on n’est pas en face d’une resucée de L’Exorciste de William Friedkin, grand film d’horreur des années 70. Les choses sont plus complexes, comme on va le voir.

 

Une famille comme les autres

La famille Barrett vit à Boston. Deux filles, Marjorie et Merry grandissent en harmonie auprès de leurs parents. Le père est cependant licencié après des années de bons et loyaux services et peine à retrouver un travail. C’est alors que Marjorie commence à dérailler : elle entend des voix, semble devenir schizophrène. Merry s’en inquiète un peu surtout quand sa sœur la menace de lui arracher sa langue… Des années plus tard, Merry raconte son histoire à Rachel, qui veut écrire un livre sur sa famille. Car les Barrett ont fait l’objet d’une émission de télé-réalité, devenue culte, où Marjorie a été l’objet d’un exorcisme. Était-elle réellement possédée ou était-ce du bluff d’adolescente ? Était-elle folle tout simplement ? Merry a son point de vue, le point de vue de la survivante…

 

Un thriller déroutant

Drôle de livre ! Possession commence dans une ambiance typique du fantastique : on se demande si réellement Marjorie, bien barrée, est possédée. Mais voilà, elle en fait trop, cela ressemble beaucoup à L’exorciste et on se doute qu’il y a anguille sous roche. Le livre bascule alors dans le thriller, avec une critique de la télé-réalité (et c’est très bien). L’astuce de Tremblay est ici de superposer les deux genres car l’idée que Marjorie est possédée n’est cependant pas démentie : le lecteur va se poser la question jusqu’au bout. Le twist final restera d’ailleurs dans une ambiguïté de bon aloi. Un bon produit donc, un excellent thriller même qui va satisfaire les amateurs du genre sur la plage.

 

 

Sylvain Bonnet

Paul Tremblay, Possession, Sonatine, mars 2018, traduit de l’anglais par Hubert Tézenas, 336 pages, 21 euros

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