Pour le bien de tous, polar politique et social de Laurent Scalese
Laurent Scalèse, heureux co-créateur de la série à succès Cherif diffusée sur France 2, propose avec Pour le bien de tous, son dixième roman, une plongée dans le racisme et la haine ordinaires aux conséquences dramatiques.
L’image de ses gamins (noirs, blancs, portant hijab ou kippa) en train de jouer ensemble alors qu’ils étaient supposés se détester, le genre d’image qu’aucune caméra ne filmait jamais. »
Ambiance nauséabonde et angoissante
Pour le bien de tous commence par un accident stupide néanmoins dramatique, un pauvre gars en voiture écrase un égaré qui se jette devant sa voiture. Mort sur le coup !
L’enquête menée séance tenante par l’inspectrice Mélanie Legac montre qu’il est surtout mort de balles qui lui ont transpercés le dos. Hasard de la soirée, Mélanie se retrouve affublée d’un nouvel acolyte, un vieux commandant quasi à la retraite.
Leur relation sera électrique dès les premiers instants. Leur enquête s’annonce troublante et pleine de rebondissements, ce qui évitera la trop franche proximité…
Le ton est donné dès le début et la vitesse ne décroîtra plus. Après les constatations sur la scène du crime, le convoi qui emporte le corps pour la morgue se fait percuter violemment et volontairement pour lui voler son colis.
L’enquête remonte les pistes et se rapproche des occupants d’un camp d’exilés politiques africains installé par le gouvernement dans cette petite ville de province. L’homme assassiné, Abdelkarim Salih provenait de ce centre.
Le hasard, et tout bascule
La seule piste qu’ils ont est le témoignage de l’enlèvement de Salih par un fourgon en pleine nuit.
Le hasard veut que Mélanie se retrouve nez à nez avec ce fourgon et l’un des assaillants. Elle est seule et prend l’initiative, qu’elle regrettera trop tard, de suivre le fourgon et malgré tous les soins qu’elle prend de ne pas se faire repérer, elle se retrouve loin de toute habitation les assassins s’en prennent à elle sans qu’elle puisse avertir et se retrouve enfermée par ses geôliers.
Ce qu’elle découvre à ses dépens est qu’elle n’est plus seule, d’autres sont enfermés et la mission de leurs gardiens sanguinaires et de les laisser s’échapper dans la forêt en leur laissant quelques secondes d’avance. Leur jeu une chasse à l’homme.
Comment pourrait-elle à s’en échapper ?
Français de souche, le genre d’expression qu’elle abhorrait. »
Ces hommes dont la mission secrète, financée par un sournois intégriste, est d’exterminer les étrangers afin de rendre la France aux français de souche. Les personnes réelles cachées par la fiction sont reconnaissables.
Thriller contemporain et haletant
Deux personnages déjà chargés de souffrances et de leurs propres traumatismes vont se rapprocher et se souder au fil de leur enquête . Ainsi naîtront des sentiments forts où l’humain transgresse ses propres intérêts au bénéfice du respect de l’autre pour le sauver.
Une écriture acérée qui ne laisse pas le temps de respirer, le temps est compté pour arriver à démanteler ces odieux criminels.
Pour le bien de tous est un polar politique. Il dénonce l’accablante volonté du populisme le plus enfiévré de haïr l’intrus, l’autre, l’étranger. Et de combattre la vocation de la France d’accueillir comme elle l’a toujours fait.
Xavier de La Verrie
Laurent Scalese, Pour le bien de tous, mars 2019, 320 pages, 20 eur