Proies, piégés dans la forêt québécoise

Une valeur de plus en plus sûre du polar

Auteure de Bondrée (Rivages, 2016), roman qui l’a fait connaître du grand public et qui a remporté le prix Quais du polar en 2016, Andrée Michaud s’est imposée comme écrivain de thrillers psychologiques. On ne la connaissait pas encore chez Boojum : la parution de Proies est l’occasion de faire connaissance.

Ils étaient trois enfants…

« Le mardi 18 août d’une année dont on se souviendrait plus tard comme d’une année de deuil et de stupéfaction, trois adolescents de Rivière-Brûlée, un village perdu parmi les collines, avaient quitté la maison familiale sitôt après le déjeuner, aussi excités que s’ils allaient escalader l’Everest, pour aller camper près de la rivière qui avait donné son nom à leur localité, un cours d’eau ayant depuis longtemps oublié les feux qui avaient ravagé ses rives à l’époque où la région ne comptait que quelques âmes. »

Voici l’histoire d’Alex, Abe et Jude. Trois adolescents. Un gars et deux filles. Ils partent camper donc dans la forêt, loin des adultes qui font la foire chez eux. Ils se font confiance, ils ont grandi ensemble. Le premier jour est génial, plongée dans cette nature connue et sauvage qui leur ressemble. Le soir, ils se racontent des histoires de fantôme pour se faire peur, surtout Alex persuadé d’en avoir un qui l’accompagne. Ils ne savent pas qu’on les observe. Le lendemain, ils se rendent compte que leurs affaires ont été déplacées. Quelqu’un les suit. Quelqu’un les observe. Au moment où « il » arrive commence la chasse. Alex, Abe, Jude s’enfuient. Abe se blesse à la cheville, l’homme la capture. Les familles sont loin de se douter de ce qui se passe. Rien ne sera plus comme avant.

Un thriller éprouvant et réussi

Proies se dévore d’une traite, l’histoire étant tendue jusqu’au bout (on redoute le pire pour l’un d’entre eux). C’est à une plongée dans l’angoisse et l’horreur que nous invite Andrée Michaud car ce petit séjour de trois jours et trois nuits, nous sommes nombreux à l’avoir vécu. Ici tout dérape, à cause d’un psychopathe… Que Michaud ne juge pas, il aurait pu prendre un autre chemin. Un mot sur le style. L’auteure aime décrire la nature, les états d’âmes de ses personnages, avec de longues phrases inspirés de cette oralité québécoise que nous sommes nombreux à aimer. Proies est un thriller réussi qu’on ne peut que vous recommander.

Sylvain Bonnet

Andrée Michaud, Proies, Rivages, mars 2023, 280 pages, 21 euros

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