Joli mois de mai, triste temps pour les victimes

Alan Parks, à la suite de Ian Rankin ou de William McIlvanney, est devenu un des meilleurs représentants du roman noir écossais. Il a publié plusieurs romans consacrés à la ville de Glasgow en 1974 et centrés autour des enquêtes de l’inspecteur Harry McCoy. Après Bobby Mars forever (Rivages, 2022) et Les Morts d’avril (Rivages, 2023), époustouflants, il revient avec Joli mois de mai.

Des coupables idéals

Un salon de coiffure a brûlé, faisant cinq victimes. Les habitants de Glasgow, très en colère, réclament justice contre les suspects, trois jeunes, devant le tribunal qui les inculpe.

McCoy arrivait à la hauteur de Wilson Street lorsqu’il commença à entendre le bruit. Des gens criaient. Des chevaux de la police faisaient claquer leurs sabots sur la chaussée. Des véhicules klaxonnaient. Puis un slogan monta, doucement au début. Il s’intensifia à mesure que McCoy se rapprochait du tribunal, jusqu’à devenir parfaitement net.

PENDEZ-LES ! PENDEZ-LES, PENDEZ-LES ! 

L’inspecteur McCoy, qui vient de sortir de l’hôpital où il soignait son ulcère, passe par là. La foule l’horrifie… et il voit brusquement un camion foncer dans le fourgon transportant les trois suspects et les enlever. McCoy est sidéré le lendemain quand l’un des trois est retrouvé mort : quelqu’un a décidé de faire justice lui-même. Le père d’un des trois suspects, un riche homme d’affaires, met la pression pour retrouver son fils. McCoy aidé de son adjoint Wattie, finit par se mêler à l’enquête mais il a d’autres soucis : un vieux photographe cochon se suicide (on l’a peut-être aidé), une jeune fille est retrouvée morte et le fils de son vieux pote gangster, Cooper, a disparu. Et si tout était lié ? C’est beaucoup pour McCoy, malade, qui recroise de surcroit son père devenu mendiant…

Suite logique

Joli mois de mai s’inscrit dans le sillon que creuse Alan Parks depuis le début : raconter Glasgow, ses gens, ses mœurs, ses crimes, pendant l’année 1974. Ici, les personnages (et le lecteur) sont malmenés par les enquêtes qui se croisent et qui révèlent la corruption de la société écossaise. Corruption financière, corruption criminelle et corruption morale aussi, les plus criminels n’étant pas forcément ceux qu’on croit. La recette fonctionne, probablement parce qu’Alan Parks s’est sans doute beaucoup documenté sur l’époque. C’est dur parfois à lire. C’est surtout très réussi, sur fond d’un rock and roll 70’s que nous adorons.

Sylvain Bonnet

Alan Parks, Joli mois de mai, traduit de l’anglais par Olivier Deparis, Rivages, mai 2024, 496 pages, 22,50 euros

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