Les Carnets secrets de l’ange de la mort, l’héritage de Mengele

Josef Mengele est celui qui expérimentait sur les prisonniers du camps d’extermination Auschwitz. Le détail de ses « recherches » ferait frissonner, et son imagination n’avait de limite que sa haine des Juifs. Matériau surnuméraire, torturé sans la moindre empathie. Et son excitation était surmultipliée quand il s’agissait de jumeaux, qu’il soudaient entre eux, cautérisait au chalumeau puis étudiait les mutations… Sa folie cependant renfermait une idée fixe : prouver scientifiquement la supériorité de la race aryenne, pure, comparée à celle des sous-êtres juifs. Et Raphaël Grangier imagine, dans Les Carnets secrets de l’ange de la mort, que des disciples sont en possessions des notes personnelles de Mengele et qu’ils poursuivent ses expériences, dans le Périgord.

Une enquêtrice de choc

Le visage du capitaine était fermé, pâle et crispé comme lors d’une veillée funèbre. Elle n’avait pas envie de rire, c’était certain.

Le capitaine Stéphanie Denoeux est une vraie meneuse d’hommes, mais quel mauvais caractère ! Pas aimable pour deux sous, elle sait cependant reconnaître le talent et l’investissement de ses troupes, qui forment un petit groupe très efficace et attachant. Et quand il faut mettre toute la brigade en branle-bas pour être sur tous les fronts, tout le monde réponde présent. Parce que tout leur tombe dessus, en même temps. Des crimes, des enlèvements, des cambriolages… L’anodin se noircit au fur et à mesure, le plaisir du lecteur aussi !

Au centre de leur enquête, une voiture noire, un hôpital psychiatrique, une vieille ferme, un château, la campagne. C’est tout le Périgord qui sert de décor aux crimes qui vont s’accumuler au rythme d’une tension de plus en plus rythmée.

Des nazis dans le Périgord ?

Parce que les gendarmes ne cherchent pas un criminels, mais les souvenirs du médecin nazi Josef Mengele. Et un héritier qui va s’emparer de victimes innocentes pour tenter de concrétiser le rêve de son maître. De poursuivre ses expériences. Voire de les achever… Sans en ajouter sur les descriptions et en évitant le gore avec beaucoup d’adresse pour suggérer sans alourdir, Raphaël Grangier parvient à plonger son lecteur dans une ambiance malsaine et oppressante.

Si le sujet des nazis est très porteurs, il est utilisé ici comme point d’ancrage d’une enquête qui s’enfonce bien plus profondément que dans l’anecdote. Mais quel est le lien entre les étudiantes qui disparaissent, les corps repêchés, les vieilles dames bien tranquilles ? La fin dépassera les suppositions des lecteurs les plus aguerris.

Les Carnets secrets de l’ange de la mort est un roman parfaitement construit qui joue sur deux registres, l’émotion et l’horreur. Et il y joue très bien. Il n’y a aucun temps mort, beaucoup de tension et, qui plus est, une valeur mémorielle et documentaire : les faits et textes sont véridiques ! C’est un très bon bouquin !

Loïc Di Stefano

Raphaël Grangier, Les Carnets secrets de l’ange de la mort, LBS, 386 pages, 15 eur

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