La Fée assassine, polar familial poignant
La Fée assassine nous tord les tripes. Pour un premier scénario de BD, Sylvie Roge prend sa plume pour un premier roman graphique psychologique des plus convaincants. Quant à Olivier Grenson, son mari dans la vie et multi auteur de BD, il rend ce thriller éprouvant car il le propose des plus réaliste.
C’est la belle nuit de Noël
Les choses sont enfouies en moi depuis tant d’années. J’avais énormément de rancœur, de tristesse, de non-dits et ce soir-là j’ai complètement perdu la raison.
Fanny a invité sa sœur jumelle et leur mère. Le jour de Noël va basculer un moment tragique : un acte irréversible, elle va les tuer. Un geste d’autant plus incontrôlé qu’il n’était pas prémédité. Elle va dévoiler à son avocat son histoire personnelle et familiale qui l’a conduit à ce drame qu’elle ne peut que se reprocher. Nous revivons leur vie de sœurs jumelles, heureuses entre elles et fusionnelles. Nous découvrons l’excessive cruauté de leur mère tyrannique, le détachement qu’elle a pour ses filles, le manque d’amour, d’attention qu’elle leur porte.
Une mère qui montre sa préférence, qui profite de chaque situation pour établir une compétition entre elles. Comment peut-on détester autant ses enfants ? Qu’est-ce qui l’a conduit à tant d’indifférence ? Le seul rayon de soleil des filles vient de leur oncle et tante chez qui elles se sentent bien et heureuses.
scènes de famille
On est pris aux tripes dès les premières pages de La Fée assassine. Comment imaginer une jeune et séduisante femme conduite à ce geste impardonnable. Nous ne sommes pas dans une famille sordide où tout annonce cette issue, mais dans un environnement à l’écart de problèmes sociaux ou économiques.
En avançant dans l’histoire, nous découvrons les ressorts psychologiques, les secrets de familles et l’instant détonateur du processus. Les parents seront surement beaucoup plus concernés à la lecture de ce roman, sans parler de ceux partageant un lien filial aussi forts que les jumeaux.
Un album d’une beauté remarquable
Le travail d’Olivier Grenson sous des aspects réalistes et un dessin qui parait conventionnel, apporte un contraste saisissant entre les traits des filles modèles et celle de leur mère austère et dramaturge.
Le plus remarquable est le travail conséquent pour habiller les pages en les peignant en couleur directe. C’est un exercice long mais qui apporte tant de sincérité, de beauté au roman ! Les tonalités douces utilisées sont parsemées de touches de rouge, signal annonciateur d’un drame annoncé.
La Fée assassine est un album bouleversant qui restera dans nos mémoires !
Xavier de La Verrie
Sylvie Roge (scénario), Olivier Grenson (dessin), La Fée assassine, Le Lombard, février 2021, 192 pages, 22,50 eur