La Montagne dans la mer, apprendre à coexister

Ray Nayler s’est fait connaitre comme un auteur de nouvelles assez talentueux, son recueil Protectorats paru au Bélial est là pour en témoigner. La Montagne dans la mer est son premier roman et d’ailleurs remporté le prix Locus du premier roman en 2023. Autant dire qu’on en attend beaucoup !

L’homme n’a pas le monopole de la vie intelligente

« Éclairant la pluie agitée par le vent, les feux d’atterrissage du drone hexacoptère glissèrent sur la surface de l’océan. Ils traversèrent une zone de mangrove avant d’illuminer le tarmac de l’aéroport.

Il n’y avait aucune lumière sur le sol. Une piste délabrée descendait en pente douce sur un isthme de l’île. Il ne restait qu’une vague trace décolorée du cercle d’atterrissage des hélicoptères. De vieux avions rouillaient le long d’une rangée d’arbres sombres. Le revêtement en plastique du bâtiment principal s’écaillait comme le corps d’un poisson mort. »

Quelque part au Vietnam, dans l’archipel de Côn Dao, des pêcheurs disparaissent. Des recherches montrent l’apparition d’une nouvelle espèce de pieuvres qui ont développé une forme d’intelligence : c’est en tout cas ce que cherche à démontrer le docteur Ha Nguyen. L’archipel a été acheté par une multinationale, la DIANIMA, spécialisée dans la bio-ingénierie et sécurisé par une femme, Atlantsegseg. Jusqu’où la DIANIMA compte aller ? Le docteur Ha Nguyen ne pourra compter que sur l’aide d’un androïde, Evrim, très attaché à protéger de nouvelles formes de vie sentientes.

Confirmation du talent de Ray Nayler

La Montagne dans la mer se passe dans le même univers uchronique que le recueil Protectorats (on y trouve des allusions à la République d’Istanbul) mais peut se lire de manière complètement indépendante. Ray Nayler travaille ici sur le premier contact entre deux espèces intelligentes, une communication qui va se révéler difficile. Notons que le roman réfléchit beaucoup sur la notion de conscience. Conscience de soi, conscience de l’intelligence. Voici un roman véritablement fascinant.

Sylvain Bonnet

Ray Nayler, La Montagne dans la mer, traduit de l’anglais par Henry-Luc Planchat, illustration de couverture de Nicolas Fructus, conception graphique par Philippe Gady, Le Bélial, septembre 2024, interview de l’auteur par L’Epaule d’Orion, 448 pages, 23,90 euros

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