Reines et mères, des femmes politiques

Historienne à l’EHESS, Fanny Cosandey est une spécialiste de l’époque moderne, s’intéressant particulièrement au rôle et à la place des femmes dans l’organisation politique de ce temps. Elle a notamment publié La reine de France, symbole et pouvoir (Gallimard, 2000) et Le Rang, préséances et hiérarchie dans la France d’Ancien Régime (Gallimard, 2016). Avec Reines et mères (Fayard, 2022) elle se propose de revenir sur ces femmes épouses et mères de rois.

Un rôle : donner naissance à des princes

Le rôle d’une future reine, comme l’annonce dès son introduction Fanny Cosandey, est avant tout de naissance à des héritiers, plusieurs si possible quand on a en tête l’importante mortalité infantile de l’époque moderne. Et ils doivent parvenir à l’âge adulte, ce qui n’est pas simple : songeons à la reine Anne Stuart dont tous les enfants meurent en bas âge, ce qui provoque l’arrivée sur le trône britannique de Georges Ier de Hanovre. Pour autant, la relation entre la Reine et ses enfants est complexe, les petits étant vite placés entre les mains de nourrices, de médecins et de gouverneurs. La relation d’affection entre Louis XIV et sa mère Anne d’Autriche est au fond assez exceptionnelle. Les impératifs de l’Etat l’emportent sur l’affection maternelle.

Des femmes politiques

La régence est une occasion pour ces femmes de jouer un rôle politique de premier plan. La mort d’un royal époux est une occasion pour elles de gouverner pour leur fils. Catherine et Marie de Médicis, Anne d’Autriche ont chacune exercé le pouvoir, avec une autorité pleine et entière. Une autorité fondée sur leur fonction de mère de roi.

Quant aux autres princesses, elles jouent un rôle de monnaie d’échange entre les familles royales européennes et sont créatrices de droits sur des pays : c’est parce que sa mère et sa femme étaient des Habsbourg d’Autriche que Louis XIV réussira, au profit de sa famille à capter l’héritage espagnol, ce qui provoquera la guerre de succession d’Espagne. Cet ouvrage est une réussite, on en regrette d’autant l’erreur, plusieurs fois répétés de désigner le père de Marie Leszczynska comme le « roi Ladislas » : il s’agit en fait de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne déchu qui finit sa vie comme duc de Lorraine, une place de Nancy porte son nom. Dommage.

Sylvain Bonnet

Fanny Cosandey, Reines et mères, Fayard, mai 2022, 296 pages, 20,90 euros

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