Les visiteurs du soir, dans l’ombre de la Ve république

Un chroniqueur politique de premier plan

Journaliste à l’Express et aussi chroniqueur sur C8 à l’émission Touche pas à mon poste, Renaud Revel a écrit plus d’une dizaine d’ouvrages dont des biographies de Claude Chirac (Jean-Claude Lattès, 2007) et d’Anne Sinclair, Madame DSK, un destin brisé (First, 2011). Il revient ici sur un phénomène très français, ces fameux visiteurs du soir (en référence au film de Marcel Carné ?) qui viennent faire leur cour et essayer d’influencer nos « princes » républicains depuis les débuts de la Ve République.

Des visiteurs de tous les types

Sans surprise, c’est avec François Mitterrand qu’on a  pu connaître ce type de visiteurs, en particulier en 1983 lorsqu’il hésita à quitter le SME après un début de septennat plutôt dispendieux d’un point de vue économique. Mais au fait qui sont-ils ces fameux visiteurs ? On trouve de tout : des politiques comme Julien Dray ou Chevènement, des journalistes comme Jean-Pierre Elkabbach, Serge Moati ou Alain Duhamel ; des hommes d’affaire comme le PDG de Danone Jean Riboud, des philosophes comme l’inénarrable BHL, des artistes comme Julien Clerc.

Et puis les fameux communicants, déjà présents avec le général de Gaulle avec Marcel Bleustein avant que ne vienne l’inénarrable Jacques Séguéla du temps de Mitterrand a marqué les esprits. Ces « visiteurs » ne se limitent pas à un seul président : on retrouve Séguéla avec Sarkozy, BHL lui va tous les voir, etc…

Quelle influence ?

Quand on sait à quel point résider à l’Élysée coupe du pays réel, on peut comprendre le souci d’un président d’avoir ces fameux visiteurs : c’est une façon comme une autre d’avoir accès au pouls du pays. Il est difficile par contre, en lisant ce livre très détaillé et fourmillant d’anecdotes, de savoir quelle est leur influence réelle, surtout face au « sphinx » que fut Mitterrand. Sans doute, BHL joua-t-il un rôle déterminant dans l’intervention en Libye. Mais Jean Riboud ne réussit pas à infléchir la politique économique de Mitterrand en 1983, qui décide de la rigueur et du franc fort.

En tout cas, c’est un livre intéressant pour toute personne qui a connu la Ve république depuis les années 80. Pour un jeune par contre, c’est plus… abscons. À lire.  

Sylvain Bonnet

Renaud Revel, Les Visiteurs du soir, Plon, janvier 2021, 352 pages, 20 eur

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