Barbares, un talent nommé Rich Larson
Un auteur qu’on suit
On a connu Rich Larson avec Ymir (Le Bélial, 2022) et le recueil La Fabrique du lendemain (Le Bélial, 2020) qui a reçu le grand prix de l’Imaginaire. Larson est un auteur doué, surtout pour la nouvelle (ce qui est rare) et a été influencé par Greg Egan dont on ne dira jamais assez qu’il a réussi à marier littérature et Hard Science, ce qui n’est pas simple. Barbares est une novella qui vient de paraitre dans la grande collection « Une heure lumière » du Bélial.
Une affaire qui tourne mal
Yan (la narratrice) et Hilleborg sont deux contrebandiers qui ont pas mal roulé leur bosse… Au point qu’Hilleborg n’est maintenant plus qu’une tête, commandant et organisant leur vaisseau, après quelques mésaventures. Ils sont engagés par des jumeaux pour explorer la carcasse d’un nagevide. Les nagevides sont d’immenses créatures, probablement crées par des extraterrestres disparus, qui parcourt l’espace profond. Celui qu’ils doivent explorer est mort, en cours de décomposition mais reste fascinant. Yan emmène les jumeaux à la surface du nagevide mort mais tout se dégrade très vite : les voilà bientôt pourchassés ! en fait, les jumeaux ont un secret : récupérer leur héritage, visiblement dans les entrailles du nagevide. Yan n’est pas au bout de ses surprises…
Une novella trépidante
J’assure ma charge, son crâne dans une main, l’organoïde cuvetivé gluant qui l’oxygène dans l’autre et, d’une ruade, je me propulse vers la table. Me voyant venir, elle s’incurve pour nous admettre. Hilleborg jette des regards dans la cale mal éclairée pendant que je les gecke, son organoïde et lui. Il a le visage aussi neutre que la voix, les muscles relâchés par le manque de stimulation.
Barbares est une histoire qui emporte l’adhésion par sa narration et son univers. L’histoire est ici rythmée, très bien construite, avec son lot de révélations distillées avec doigté tout au long de sa centaine de pages. L’univers enfin, avec ces créatures gigantesques et fascinantes, digne du sense of wonder d’autrefois, celui de l’âge d’or de la science-fiction. Et cela n’exclut pas un peu de politique avec ces contrebandiers prolétaires et leurs clients aristocrates (avec leur lot de crimes et de complots).
Barbares confirme le talent de Larson qui, tôt ou tard, va accoucher d’un très grand roman.
Sylvain Bonnet
Rich Larson, Barbares, illustration de couverture d’Aurélien Police, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, Le Bélial « Une heure lumière », octobre 2023, 112 pages, 10,90 euros