La saga des Bonaparte, portrait de famille

Des finances à la famille impériale

 

Né à Nice comme Masséna, Pierre Branda  a gagné sa place dans l’historiographie napoléonienne en étudiant les finances de l’Empereur, tant personnelles que publiques et en publiant une grande synthèse, Le Prix de la gloire, chez Fayard en 2007. Il a poursuivi son travail sur l’Empereur en étudiant sa maison (Fayard, 2011) et a récemment publié une biographie remarquable de Joséphine, Le Paradoxe du cygne (Perrin, 2016). Il s’intéresse avec La Saga des Bonaparte à cette famille si particulière, en marchant sur les traces d’un Frédéric Masson.

 

Le choix de la France

 

Tout découle finalement du choix opéré par Charles, le père de Napoléon en faveur de la France. Au début, rien ne prédestinait les Bonaparte à quitter leur île. Originaires de Toscane, ils avaient fait souche à Ajaccio et s’étaient alliés à différentes familles dont les Pozzo di Borgo. Charles, ou plutôt Carlo, sert au début Paoli, qui mène la révolte contre Gênes et lutte pour une Corse indépendante. Mais l’arrivée des français et leur réussite change la donne. Charles, après la défaite de Paoli, se rallie au Roi de France. Ses fils seront éduqués en France et, grâce à la faveur du gouverneur de l’île, le comte de Marbeuf, il fera le voyage de Versailles pour y être présenté à Louis XVI. La figure de Charles Bonaparte, décédé en 1785, est donc décisive pour l’histoire de ses fils et de toute sa famille. Napoléon, élevé en France, cadet à Brienne, devra faire le deuil de son « rêve corse » au début de la Révolution, suivant en cela, sans le savoir, le choix paternel…

 

Des figures attachantes

 

Pierre Branda nous invite ensuite à un singulier défilé de personnages. D’abord les frères, de Joseph (on recommande la très bonne biographie de Thierry Lentz) à Lucien en passant par Louis et les sœurs aussi : (la sublime) Pauline, Caroline, Elisa. On découvre des personnages inconnus, comme Charlie Bonaparte, descendant du premier mariage de Jérôme avec une américaine et procureur de Theodore Roosevelt, qui créera le l’ancêtre du FBI ; ou encore Marie Bonaparte, descendante de Lucien, disciple de Freud. Enfin il y a Louis, le résistant, qui fait le choix de la France Libre. Un vrai Bonaparte, courageux et intrépide. Voilà un beau portrait d’une famille on ne peut plus française que nous donne un Pierre Branda inspiré.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Pierre Branda, La Saga des Bonaparte, Perrin, janvier 2018, 496 pages, 25 euros

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