Terres noires, fin d’un monde selon Sébastien Raizer

Un auteur attendu au tournant

Après Les Nuits rouges (2020) et Mécanique mort (2022), voici Terres noires, le dernier volume de la désormais trilogie consacrée par l’écrivain et traducteur Sébastien Raizer à la Lorraine, Dimitri Gallois et, disons-le, l’apocalypse vers laquelle se dirige tranquillement notre société. Et maintenant, après ce préambule plein d’entrain, place à l’œuvre !

Un dernier règlement de compte avant le grand final

Et voici donc Dimitri Gallois. Après avoir vaincu ses démons et combattu certains criminels, il s’apprête à quitter l’Europe définitivement avec sa compagne Luna. Après avoir visité Berlin, il décide de passer dans sa Lorraine natale pour dire au revoir à sa mère et à ses derniers amis. Mais voici qu’on lui tire dessus. Dimitri règle leur compte aux tueurs, des serbes, sans savoir pourquoi. Pendant ce temps, Nesrine, son ancienne associée trafiquante, belle et fatale, manque de se faire tuer elle aussi par des serbes qui liquident son associé et ami, Dalstein. Dimitri la retrouve, ils veulent se venger. Contactent leur partenaire de la ‘Ndrangheta, Santo Serra.

Au fond c’est lui qui est visé, par un conglomérat de mafieux et de paramilitaires américains. Car l’Europe est désormais le théâtre d’une guerre, et pas seulement en Ukraine…

Un roman désespéré et enivrant

Ce qui se profilait, c’était la vraie vie vivante. La vie pleinement vivante, l’être inépuisable dans l’infini du monde, et cette sensation l’accaparait tout entier.

Lire Terres noires est une expérience parfois douloureuse. Car l’auteur livre un diagnostic noir, très sombre de notre société qui court vers l’abîme à cause du capitalisme néolibéral (américain). Et on ne peut que souscrire à ce diagnostic quand, depuis trente ans, on dénonce comme moi dans le vide toutes les dérives du système mondial, souvent avec l’aide de la littérature (science-fiction et roman noir, essentiellement). Une lueur d’espoir ? L’attention donnée ici aux personnages féminins : Luna, la mère de Dimitri et puis Nesrine, belle femme féroce, blessée, qui finira par faire le choix du retrait du monde.

Terres noires de Sébastien Raizer est un roman à lire, avant l’extinction (définitive ?) des feux.

Sylvain Bonnet

Sébastien Raizer, Terres noires, Gallimard, « série noire », septembre 2023, 272 pages, 19 euros

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