La belle saison, promenade d’Alfred à Angoulême

« J’essaie d’avancer en même temps que mon dessin… Prendre des chemins de traverse, au risque de se perdre un temps, est l’un de mes moteurs »

Lionel Papagalli dit Alfred est né en France mais fidèle à ses racines italiennes. Fidèle à Delcourt et à Angoulême où son Come Prima a été élu Fauve d’Or en 2014, il revient avec La Belle saison, un petit coin de verdure enchanté réalisé pendant une résidence à la Cité de la Bande Dessinée d’Angoulême fin 2018.

Delcourt a pris le soin de créer un format spécifique pour lui, déjà apparu avec « Italiques » en 2014 où il consacrait sa ville fétiche, Venise. Un ouvrage à offrir ou à s’offrir.

Un travail d’artiste pour s’évader

Alfred est l’invité en 2018 de la Cité internationale de la Bande Dessinée et de l’image d’Angoulême. Belle occasion de réaliser un carnet de voyage dans cette ville toute dédiée à la BD et à ses formes de l’art. Il déambule dans ces rues et capte les lieux, les gens, les attributs pour en dessiner les contours et les décliner en planches et spectacles dessinés.

De ses pérégrinations naissent cet ouvrage qui n’est pas une bande dessinée ni un roman graphique, mais une étude graphique de différents lieux avec variantes graphiques. Tantôt encre de chine, sanguine, aquarelle en toute intimité et avec quelques notes d’humour et d’humeur.

La deuxième partie consacre un dessin chaque jour, un mois durant, le matin exclusivement. Pendant vingt minutes il croque nature, sportifs, végétation, enfant, statue… En tout cas la nature n’est jamais seule, toujours accompagnée de l’homme tel son protecteur.

La troisième partie est un « vagabondage graphique », période de renaissance imposée de sa créativité, à nouveau inspirée par ce qui l’entoure y compris les hommes et femmes.

Venez-vous perdre dans sa nature enchantée

La nature d’Alfred est authentique comme sa générosité. Il suffit de le rencontrer une fois pour en être convaincu. Il vous parlera de son histoire, vous racontera ses coups durs pour mieux rebondir et s’accrocher à sa planche à dessin pour redémarrer et nous étonner de ses prouesses graphiques et de son âme de poète virtuose.

C’est un plaisir de partager avec cet homme sensible et de parcourir des yeux ses planches harmonieuses. Elles nous interpellent et nous font naviguer en notre fort intérieur. Alors on s’émerveille des couleurs dont certaines me font penser à Brecht Evens.

Un ouvrage comme un jeu à effeuiller avec tendresse et profiter de beaux dessins et peintures. Peut-être vous laisserez vous tenter vous aussi, prendre un carnet cet été et croquer par amusement.

Xavier de la Verrie

Alfred, La Belle saison, Delcourt, avril 2019, 80 pages, 21,00 eur

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