Le voyage d’Abel

Tout le monde rêve de voyager, beaucoup les concrétise, ce qui n’est pas forcément le cas dans Le Voyage d’Abel. Nous avons déjà récemment parlé de Bruno Duhamel et de son album Nouveau contact, avec ses monstres sympathiques. Nous restons dans la même veine graphique mais une histoire beaucoup plus terre à terre, avec toujours une tendance à la dérision humaine.

Vous lui direz que j’étais très amoureux d’elle… mais que j’ai jamais été foutu de lui dire.

La petite vie d’Abel

Abel habite au centre de la France dans un petit village sans grandes histoires. Voire même plutôt monotone. Il approche de la retraite ou alors il devrait y être depuis belle lurette. 

Abel a des occupations professionnelles assez simples, il est fermier et propriétaire d’un maigre cheptel dont il s’occupe sans grande passion.

Son passe-temps, aller au village où ses habitudes l’amène lancinement sur le marché pour s’acheter sa charcuterie quotidienne, à la Poste récupérer des colis et au bar pour boire plusieurs verres, plutôt qu’un seul. Les habitants ne cessent de le malmener, mais il s’en fout ! Son rêve de tout temps, voyager. Malheureusement il a dû reprendre la suite de ses parents et il leur en veut, autant qu’à ses frères qui se sont échappés pour éviter le même sort.

Alors oui il rêve, il s’achète des guides du bout du monde, la valise est prête… que va-t-il se passer ?

Un scénario très intimiste peut être personnel en tout cas dramatique d’Isabelle Sivan. Comment rester insensible à ce pauvre Abel qui vit son rêve par procuration, qui n’a eu d’autres choix que se résigner et gâcher sa vie.

On y croit jusqu’au bout mais on ne vous gâchera pas le plaisir !

Ce dessin monochrome de Bruno Duhamel est très apaisant. Il apporte la juste tristesse à la situation avec des tonalité gris bleu qui ne s’éclairent de quelques couleurs uniquement à des moments précieux pour Abel. Les mois s’égrènent avec à chaque fois une belle planche étendard grand format qui symbolise les saisons et le temps qui passe. La nostalgie d’Abel est bien présente.

Une bande dessinée qui fait l’économie de textes tel un mime Marceau. Et nous propose des situations qui offrent une grande palette de sentiments, nous font sourire ou nous attriste. Un bien beau résultat.

Xavier de la Verrie

Isabelle Sivan (scénario), Bruno Duhamel (dessin), Le Voyage d’Abel, Grand Angle, mars 2020, 64 pages, 14,90 eur

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