Miracle, le thriller psychologique de Solène Bakowski

Solène Bakowski écrit des thrillers psychologiques qui ont su, en quelques années, réunir un large lectorat. Après Un Sac (Bragelonne, 2017) ou Une bonne intention (Bragelonne, 2018), la voilà qui met avec Miracle les réseaux sociaux au centre de son intrigue, comme une force qui va pousser tous les personnages à se percuter.

Laure, l’héroïne

La jeune Laure apprend qu’il ne lui reste que deux ans à vivre. Peut-être trois. Une vilaine tumeur mange son cerveau… Alors, coup de folie, elle décide de réaliser un rêve : réparer le bateau de son père et voguer de La Rochelle à New York. Elle ne sait pas que son projet va être plus que sa grande aventure personnelle !

Elle en parle sur les réseaux, monte une petite cagnotte sans trop y croire, mais un premier miracle a lieu : émus par son aventure, un grand nombre de personnes s’y greffent et la soutiennent. Les plus émouvants sont les enfants malades d’un service d’oncologie, qui en font leur héroïne. Elle entraîne dans son sillage le meilleur… mais peut-être le pire aussi. Ainsi quand l’autre miracle advient, elle n’est plus seule pour le vivre, mais sa révélation sera un tournant dramatique dans sa vie.

Il y a toujours un coupable pour celui qui en cherche un »

Laure, la menteuse

Construit sur le schéma classique d’une montagne émotionnelle (ça monte, et ça redescend), après le miracle, donc, les forces qui l’ont poussées vers le haut vont essayer de l’écraser plus bas que terre. C’est une réaction habituelle, on cherche toujours à détruire ses idoles. Mais quelles sont les raisons de cette haine aveuglante ? Quelque moyens vont être mis en œuvre pour faire choir Laure plus bas que terre ? Tous ceux que la lâcheté et l’anonymat du web permet… C’est-à-dire que les limites n’existent pas. Les personnages les plus farfelues s’agglutinent. Les soutiens s’amenuisent. Il ne reste plus que Laure seule face à ses démons.

Un livre à part

Miracle est un livre lent ! Il joue merveilleusement sur les sentiments du lecteur et impose une montée, un état de grâce puis une chute (1). On suit la vie de Laure et des siens (sa mère Claudie, sa sœur Axelle, son amoureux Thibault) mais aussi celle des personnages qui vivent à travers elle. Chacun représente un état critique d’une relation par réseaux sociaux interposés (2). Il y a les enfants, les anonymes, l’infirmier qui amuse les enfants cancéreux, les parents des mêmes…

Miracle est un livre très noir, qui s’achève avec un lecteur bouche bée ! La machinerie infernale se met en place lentement et tout explose dans les cinquante dernières pages. Cruelles. Lourdes. Noires. C’est le genre de livre qu’on lit avec plaisir en se demandant où il va nous mener, puis qui vous obsède quand il se referme. Un livre rare, qui se relit en vous encore. Et le miracle a vraiment lieu, quand le lecteur comprend, quand le lecteur referme le roman et qu’il se laisse convaincre qu’il en a peut-être été lui-même un personnage.

Loïc Di Stefano

Solène Bakowski, Miracle, Cosmopolis, octobre 2019, 410 pages, 19,95 eur

(1) La stylistique classique parle de protase (montée), d’acmé (sommet) et d’apodose (chute). C’était pour faire mon intéressant ! On peut aussi ajouter le terme d’épanadiplose pour caractériser ce roman, mais ce serait cuistre…

(2) L’amour fou, la haine irrationnelle, la méchanceté gratuite, le voyeurisme, etc.

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