Spawn Dark Ages : quand Spawn part en croisade

Couverture du tome 1 de Spawn Dark AgesSpawn revient, mais dans une version dark fantasy particulièrement réussie à l’ambiance graphique unique. Dans le genre, une belle réussite.

 

 

L’Europe du XIIe siècle. Lord Covenant part combattre en Terre Sainte pendant les Croisades. Le chevalier quitte l’Angleterre, laissant derrière lui son épouse et son royaume (qu’il confie à son beau-frère). Il est tué au cours d’une bataille. Lord Covenant est alors frappé par l’horrible malédiction des Hellspawn et revient à la vie sous une forme monstrueuse dotée de terribles pouvoirs. En quête de rédemption, Covenant revient en Angleterre et découvre que son beau-frère maltraite ses serfs. Covenant choisit alors de mettre ses pouvoirs démoniaques au service des opprimés…

 

Spawn façon dark fantasy

La première chose qui frappe quand on feuillète Spawn Dark Ages, c’est son cachet graphique. Cet album se démarque immédiatement par les visuels sombres et son encrage épais. Le trait est appuyé, certes, mais efficace. On sent d’emblée que les personnages ne vont pas s’amuser. Liam Sharp, le dessinateur principal, imprime sa marque très dark. Les splash pages sont nombreuses pour mettre en valeur des personnages torturés qui prennent souvent la pose. Mais petit à petit, l’artiste distille des planches efficaces et réussies.

 

Extrait de Spawn Dark Ages tome 1
crédit : Liam Sharp (Image Comics)

 

Une patte graphique étonnante

Le talent de Liam Sharp rattrape les quelques défauts. Le Spawn est massif comme un bodybuilder et sa « gueule » paraît grotesque avec ses dents énormes. Et tous les personnages féminins ont des poitrines généreuses serrées dans des bikinis en peau de bête. Rappelons toutefois que la dark fantasy abuse généralement de ce genre de stéréotypes : le string en cotte de mailles de Red Sonja, ça vous parle ?
Par contre, Liam Sharp innove sur d’autres aspects. Il soigne énormément sa mise en page. Le dessinateur encadre ses cases avec de belles ornementations et de jolies enluminures. Et comme l’artiste se charge souvent de l’encrage des planches des autres artistes, il en profite pour assurer une certaine cohérence graphique tout au long des 14 épisodes.

 

Extrait de Spawn Dark Ages
crédit : Nat Jones (Image Comics)

 

Un spin-off indépendant

Je vais vous faire une confidence. Je n’ai jamais été très client des aventures d’Al Simmons, le Spawn contemporain, ni des scénarios de Todd McFarlane, son créateur. Brian Holguin ne cherche jamais à plaquer son intrigue sur la série principale. Il prend le concept, le transpose au moyen-âge et laisse son personnage libre d’évoluer. Alors, au détour d’une aventure, on retrouve bien quelques visages connus (Angela, Cagliostro), mais on peut lire cet album sans avoir jamais lu la série Spawn.

 

Extrait de Spawn Dark Ages
crédit : Angel Medina (Image Comics)

 

Une Europe médiévale imaginaire

En situant ses aventures dans la France et l’Angleterre du XIIe siècle, Holguin s’offre un contexte riche et intéressant. Mais, curieusement, il n’utilise pas les événements historiques de l’époque. L’Europe médiévale d’Holguin est une région rude, âpre et noire, peuplée de sorcières, de démons qui massacrent des enfants, de rois perfides qui torturent et violent des femmes. Holguin utilise cette Europe imaginaire et simpliste comme un simple décor pour les aventures violentes et désespérées de Spawn. Un moyen comme un autre de souligner la quête de rédemption de Lord Covenant.

Spawn Dark Ages constitue une agréable surprise, à mon avis plus intéressante que les récentes Renaissances du personnage. Conseillé.

 

 

► Et maintenant ? La dark fantasy version manga, ça vous tente ? Lisez notre avis sur 7th Garden !

 

 

Stéphane Le Troëdec

 

 

Brian Holguin (scénariste), Liam Sharp, Angel Medina, Nat Jones (dessinateur), Spawn Dark Ages – tome 1, Delcourt, « Contrebande », septembre 2017, 384 pages, 27,95 euros

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