Une brève histoire de l’église, la France et le catholicisme

De Richelieu au catholicisme

Ancienne élève de l’école nationale des chartes et archiviste paléographe, Françoise Hildesheimer est aussi l’auteur de biographies remarquables. Citons son Richelieu (Flammarion, 2004) ou son Descartes (Flammarion, 2010). On lui doit aussi des essais comme La Double Mort du roi Louis XIII (Flammarion, 2007). On peut sans la peine la qualifier de spécialiste de l’histoire de l’ancien régime et particulièrement de ses problématiques religieuses. Une brève histoire de l’église est une synthèse sur l’histoire de l’église catholique en France depuis le IVe siècle.

Vaste entreprise !

On salue déjà l’ambition de notre historienne car il s’agit là d’un véritable défi. Sans surprises, Françoise Hildesheimer passe rapidement sur les premiers siècles, aborde la question de l’encadrement de la société française par les clercs au Moyen-âge. Elle relève aussi l’influence de penseurs étrangers sur la monarchie, tel Machiavel. Si les rois de France se veulent de parfaits chrétiens, ils entendent aussi limiter très vite l’influence de Rome dans l’église. D’où le concordat de Bologne par exemple. Reste que l’église et ses membres sont loin d’être exemplaires…

Réforme et Révolution

Le XVIe siècle marque une césure. On passe de l’évangélisme d’Erasme (on souhaite lire une biographie de ce brillant intellectuel) à la contestation calviniste. Les tentatives de la monarchie n’y font rien, l’unité religieuse est brisée avec le ralliement d’une large partie de la population, dont des nobles, aux idées de Calvin. On relève ici la voie choisie par les prélats français, gallicans donc jaloux de leur indépendance par rapport à Rome mais profondément catholiques. L’édit de Nantes en 1598 garantit les droits des protestants mais en les encadrant afin, à terme de mieux étouffer cette communauté.

Le XVIIe siècle voit progressivement la portée de l’édit se réduire tandis que les effets de la contre-réforme tridentine (du concile de Trente que le parlement de Paris renâcle à enregistrer) se font sentir. C’est le siècle des saints, de saint Vincent de Paul et aussi des jansénistes. On ne redira jamais assez combien la lutte entre les jansénistes et la monarchie a préparé, sans le savoir, le terrain des révolutionnaires. En 1791, la constitution civile du clergé fait des clercs des fonctionnaires de l’Etat tandis que les biens de l’église sont vendus. La Révolution déclenche la déchristianisation: persécutions, exécutions, mariage de prêtres, première séparation de l’église et de l’Etat en 1795…

Edit de Nantes

Du concordat napoléonien à la désaffection contemporaine

Au fond de cet essai, il y a une interrogation qui émerge dans les dernières pages : pourquoi la Frrance s’est-elle aussi tôt déchristianisée, au point qu’aujourd’hui, il n’y a guère que 3 à 5% de messalisants ? Réforme calviniste, contestation janséniste ont préparé sans le savoir les progrès de l’athéisme et de la libre pensée. L’Etat, en se séparant définitivement cette fois en 1905 (sauf en Alsace Moselle) de l’église a mis fin à un « mariage » qui avait marqué l’histoire (songeons par exemple à l’influence de Suger sur Louis VI et Louis VII et à Richelieu).

Le concile Vatican II enfin, conjugué aux progrès de la société de consommation et à l’épanouissement de l’individualisme, a joué un rôle également, je renvoie ici à l’ouvrage de Guillaume Cuchet, Comment notre monde a cessé d’être chrétien (Seuil, 2018). En tout cas, cette synthèse de Françoise Hildesheimer permet de se familiariser avec une histoire dont nous sommes de toute façon les héritiers.

Sylvain Bonnet

Françoise Hildesheimer, Une brève histoire de l’église, Flammarion « champs », février 2019, 480 pages, 12 eur

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