« Une île si tranquille » de Jean-Pierre Lefebvre

La curiosité n’est pas qu’un mauvais défaut !

Jean Pierre Lefebvre a peut-être le pied marin en tout cas il nous pousse à découvrir les iles et les iliens, car dans Une île si tranquille, doux euphémisme, il nous engage à aller au-delà des apparences et même si la curiosité est un si mauvais défaut selon l’adage religieux il est fortement indiqué quand on est inspecteur de police pour délier le vrai du faux.

Cette île n’a pas de centre. On dirait qu’elle s’évade par tous les bouts » 

En ce début d’été nous voici embarqués, aux côtés de Clet Postec gendarme français, sur les îles des Baléares et plus précisément sur l’île de Pitiuse où il a connu sa femme Pia à l’occasion de son premier poste. Il revient pour l’enterrement de son beau-père, lui-même Commandant de Police des lieux.

Clet parait heureux, malgré les circonstances, d‘être revenu sur ces terres qui lui sont chères et reprend le pou de sa belle-famille pour accompagner vers le dernier lieu de villégiature de son beau-père devant une foule innombrable.

Concours de circonstances bienvenues

Ainsi s’était souvent révélé l’existence de Postec : soudaine, inattendue, violente et gratifiante ».

Oui, une île qui parait si tranquille et va se révéler chaotique, d’une part à cause d’une tempête qui se lève interdisant son retour sur le continent et qui simultanément entraine l’échouage d’une vedette nécessitant les forces vives pour sauver les naufragés. D’autres part la découverte d’un corps rejeté par la mer le lendemain du déchainement de la nature qui ne parait pas vraiment lié.

Clet Postec se retrouve malgré lui, mais sans montrer son désintérêt, à devoir donner de sa personne, accompagné de son beau-frère Paco qui lui servira de guide.

Rosa Wilf, découverte sans vie ainsi qu’un second épisode arrivé quelques jours avant ou à l’occasion d’un accident de voiture entraîne un homme à l’hôpital. Ces évènements soulèvent l’interrogation du gendarme et la crainte qu’un lien existe entre ces derniers.

Il ramassait mentalement tous les osselets de la situation, telle qu’il la comprenait, les jetait en l’air, les recevait sur la palette de ses doigts épais »

Clet va en sous-marin et sans accréditation investiguer pour finalement découvrir les antécédents de Rosa, ancienne déportée et rescapée de la Shoah qui a retracé l’histoire de ses geôliers dont certains ont pu émigrer dans ces mêmes îles.

Il apparait que leurs faits et gestes sont suivis de prêts et le mobile du meurtre découvert les entraîne vers d’autres sentiers de dangers.

Intrigue policière intimiste

De façon volontaire l’auteur ne tombe pas dans les excès d’hémoglobine, ni de fusillades en cascade mais plutôt une guerre de tranchées à couteaux tirés et c’est tant mieux. Il en résulte quelques longueurs au tout début de la mise en place du scénario mais rapidement l’intrigue prend le dessus et nous embarque agréablement dans l’enquête d’où résulte plusieurs scénarios de bonne facture.

Xavier de La Verrie

Jean-Pierre Lefebvre, Une île si tranquille, Editions Héloïse d’Ormesson, mai 2019, 240 pages, 18 eur

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