Bobby Mars Forever d’Alan Parks, un été brûlant
Le retour de Parks et McCoy
Depuis la parution de Janvier noir en 2017, on a pris plaisir à retrouver régulièrement l’inspecteur Harry McCoy, le héros créé par l’écossais Alan Parks. Le projet de ce dernier est simple et ambitieux : raconter l’Ecosse, Glasgow et le milieu du crime et de la police en 1973. L’enfant de février nous avait permis de comprendre d’où venait McCoy et son pote gangster Cooper (côté enfance, on a fait mieux…). Avec Bobby Mars Forever, Parks creuse son sillon, sur fond de rock and roll.
Une petite fille disparue et un rocker décédé
Eté 1973 à Glasgow. Il fait chaud, très chaud. Et une gamine disparaît :
« McCoy consulta sa montre. Il était huit heures et quart. La disparition avait été signalée un peu avant six heures la veille au soir, une quinzaine d’heures plus tôt, donc. La possibilité que la gamine se soit perdue ou se trouve chez une copine avait été écartée depuis longtemps. Une fillette de treize ans ne disparaît pas pendant quinze heures, toute une nuit, sans avoir eu un gros, gros problème. »
La petite Alice Kelly, treize ans, a disparu. Mais McCoy est écarté de l’enquête par Raeburn, un de ses ennemis, malgré son souhait de résoudre cette affaire. Son supérieur Murray en profite pour le charger de retrouver sa nièce, en pleine fugue. McCoy renâcle mais accepte. Il faut dire qu’un musicien célèbre, Bobby Mars, un de ces guitaristes qui faillirent devenir un Rolling Stone, vient de décéder d’une overdose. Ça emmerder McCoy, grand fan de rock. A cela s’ajoute que son pote Cooper, pourtant un gros caïd, sombre dans l’héroïne… Ce sera un été chaud pour McCoy.
Une grande réussite
On avait déjà noté avec L’enfant de février le talent d’Alan Parks pour créer des ambiances noires, poisseuses. C’est aussi un peintre des petites compromissions de la police, sans pour autant aller dans la critique à tout va, ce n’est pas son sujet. Parks aime dépeindre les enfances saccagées dans une société à la dérive. Et finalement ce Bobby Mars, un rocker raté (on y reconnait plein de musiciens et on s’y reconnaît aussi), s’y intègre complètement. Bobby Mars Forever est un grand roman noir (le noir est ma couleur, c’est ma drogue et j’y suis dépendant).
Sylvain Bonnet
Alan Parks, Bobby Mars Forever, traduit de l’anglais par Olivier Deparis, Rivages, février 2022, 416 pages, 22 €