Black Badge, un thriller graphique oppressant

Matt Kindt ne nous surprend pas dans la noirceur de ses intrigues, il nous surprend avec Black Badge dans la confiance d’avoir laissé le pinceau à autre que lui. Cette fois-ci le scoutisme est le pivot de l’intrigue et vous allez voir qu’il n’est pas question de bonnes œuvres ni de B.A. Ceux qui ont une idée du scoutisme ne vont pas y mettre leurs enfants, ceux qui sont passés par là y verront peut-être un rêve qu’ils auraient aimé vivre ?

Comment devenir apprenti soldat

Les white badge sont la Honour Society. Ils essaient de détruire le monde. Et ils nous détruiront si on n’y prend pas garde. 

Le gouvernement américain recrute, mais pas pour renforcer ses troupes militaires. Non. Il recrute des enfants pour en faire des mercenaires prêts à tout. Il constitue des divisions de scouts, des petites unités de quatre adolescents pour les mener vers des missions secrètes. L’objectif, les envoyer en camps de scouts leur meilleure couverture pour passer inaperçu, en tout cas sous les radars ennemis. 

Nous suivons l’équipe des Black Badge composée de Kenny, Cliff, Willy le nouveau de la bande et Mitz la seule fille. Sous leur apparence juvénile, ils ont tous des capacités hors normes pour des enfants de leur âge. Ils ont acquis des « insignes » suivant leur apprentissage et sont experts en combat, tir, nouvelles technologies, escalade, explosifs et bien d’autres conditions très utiles en situation de survie.

Oui, ils doivent survivre dans des conditions hostiles, dans des pays ennemis, se rendre transparent pour arriver à leur but. Des missions attribuées suivant la capacité collective à s’affranchir des difficultés.

Tout aller bien mais ils vont être confronté à deux obstacles majeurs. Le premier participer sur une ile déserte à un jeu de piste face à trois autres équipes prêtes à tout pour remporter le trophée. Ce n’est pas toujours le meilleur qui gagne mais le plus retord. Le second, Jimmy mort au combat, remplacé par Willy, refait surface au cours d’une de leur mission et leur apprend une invraisemblable nouvelle. Vont-ils sortir indemnes de ces multiples embuscades ?

Un thriller graphique oppressant

Matt Kindt nous avait habitué à des scénarios inhabituels mais néanmoins à rebondissements comme dans la série Depth qu’il avait écrit et dessiné. Comme avec Grass Kings il laisse le soin au duo Tyler & Hilary Jenkins de se charger des dessins et de la mise en couleur. Il est d’ailleurs étonnant de voir la proximité de style entre eux et Matt Kindt dans Depth, on pourrait s’y méprendre.

Dans cette histoire nous sommes très éloignés de notre célèbre Club des cinq et du classique scout connu dans nos campagnes ! On ressent un trait dessiné dans l’urgence de l’action qui incise les pages, tels des couteaux suisses. Une énergie du découpage pour démontrer la vitalité de chaque scène et des exploits de ces jeunes acharnés à leur tâche. La colorisation faite vraisemblablement de gouache et sur le dernier chapitre d’aquarelles offre une belle harmonie à l’ensemble et apporte de la complexité à l’histoire.

Pour chaque aventure le découpage se fait en chapitres, signe d’une sortie initiale en plusieurs tomes aux USA. Un très beau dossier en fin d’album nous montre le travail des dessinateurs, l’approche du scénario et une galerie de couvertures réalisés par l’équipe et d’autres invités.

Xavier de la Verrie

Matt Kindt (scénariste), Tyler Jenkins (Dessinateur), Hilary Jenkins (couleurs), Black Badge, Futuropolis, mars 2020, 290 pages, 29 eur

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