Pie VII, le pape qui défia Napoléon

Xavier Maréchaux, professeur d’histoire à New York, s’est fait connaître avec un livre plutôt original, Noces révolutionnaires, le mariage des prêtres en France 1789-1815 (Vendémiaire, 2017), où il analysait la manière dont l’église s’y était prise avec ces ecclésiastique mariés de gré ou de force. Il est donc tout à fait naturel qu’il s’intéresse à la figure de Pie VII, le pape qui « pilota » cette réconciliation, sans compter qu’il devint un des adversaires les plus résolus de Napoléon.

L’homme qui ne voulait pas être pape

Drôle de destin que celui de Barnaba Chiaramonti, au début moins bénédictin qui trouvait son bonheur dans la prière et la contemplation. Il fut remarqué par Pie VI qui en fait l’évêque de Tivoli, puis d’Imola. On sait qu’il a subi l’influence janséniste et qu’il se méfie des jésuites. Puis Chiaramonti est nommé cardinal. L’homme fait face à l’invasion française et se montre plutôt conciliant et prononce un discours favorable à l’idée de République. On sait que Pie VI est enlevé par les français, mourant peu après à Valence. Chiaramonti est alors élu pape, un peu son gré et dans un moment très délicat. Le voilà bientôt face à Bonaparte.

Un face-à-face de tous les instants

On ne fera pas ici le récit de la confrontation, parfois directe, entre Pie VII et Napoléon, catholique bien tiède qui avait compris le pouvoir de la religion et qui souhaitait l’instrumentaliser. Le concordat lui sembla alors un instrument idéal, il ne vit pas que c’était aussi un cadre pour l’église afin de reconquérir la société française. Si Pie VII bénit le sacre, Napoléon ne lâche rien sur l’occupation puis l’annexion des états du pape, sans compter la querelle des investitures. L’empereur finit par être excommunié et fait tout pour que ça ne se sache pas. L’opposition parmi les catholiques grandit et le pape, résidant forcé du palais de Fontainebleau, devient une espèce de héros martyr. A travers leur conflit, Xavier Maréchaux y voit les racines d’une mésentente entre Rome et la France qui dure encore… mais le conflit commence en fait durant la Révolution.

Une biographie synthétique et bien écrite, moins percutante cependant que celle publiée par Jean-Marc Ticchi en 2022.

Sylvain Bonnet

Xavier Maréchaux, Pie VII, le pape qui défia Napoléon, Passés composés, mai 2024, 312 pages, 24 euros

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