Grossir le ciel, secrets de campagne
Auteur de polars (citons Né d’aucune femme, publié par La Manufacture de livres en 2019), Franck Bouysse a obtenu avec Grossir le ciel le prix SNCF du polar en 2017 et surtout le prix Michel-Lebrun en 2015, signe de reconnaissance de ses pairs. Il adapte ici son roman en bande dessinée avec le soutien du dessinateur Borris, à qui on doit Charogne (Glénat, 2018) qui a obtenu le prix Quais du polar à Lyon en 2019.
Solitudes paysannes

Gus est un solitaire qui vit dans la ferme laissée par ses parents. Son père, alcoolique battait sa mère et celle-ci l’a un jour assassiné. Une fois qu’elle a purgé sa peine, elle est revenue chez et Gus l’a retrouvé pendue… Il a pour seul compagnon son chien Mars, n’a jamais pris femme (sa seule tentative en ce sens s’est terminé par une rebuffade) et Abel, son voisin plus âgé, est le seul humain avec qui il parle régulièrement. Un jour, tandis qu’il chasse des grives, Gus entend un coup de feu. Puis il voit des traces de sang. Petit à petit, le passé revient à la surface, Gus va découvrir qu’Abel cache un fils idiot et dangereux… et il y a aussi le dernier secret de sa mère, expliquant le lien entre les deux hommes…
Un roman graphique saisissant
Grossir le ciel était un roman marquant de Franck Bouysse qui prend ici une couleur singulière grâce au dessin de Borris. Ce dernier alterne les moments dans le présent, dominé par la couleur grise des paysages enneigés, et des flashbacks où domine le noir et où la violence du passé se dévoile. C’est bien vu et bien fait. Au final, on a ici un roman graphique où le silence de certaines scènes en dit long sur les non-dits qui relient les personnages. Voici donc une histoire sombre qui, adaptée en bande dessinée, plaît toujours.
Sylvain Bonnet
Franck Bouysse & Borris, Grossir le ciel, Delcourt « Mirages », septembre 2024, 120 pages, 18,95 euros