Le 11 septembre 2001, un jour qui nous hante encore

Les tours jumelles représentaient l’Amérique et sa puissance, ce qu’elle était en tant qu’apogée de la civilisation. Lorsque le 11 septembre 2001, ces ignobles attentats eurent lieu, nous n’avons pu nous empêcher de penser que ce jour sans fin était marqué d’une croix rouge. 11 septembre, le jour du chaos retrace ces événements terribles, terrifiants, qui ont eu lieu il y a maintenant vingt ans, jour pour jour. Nicole Bacharan est historienne et politologue, Dominique Simonnet est écrivain et journaliste. Ils ont écrit à quatre mains un livre qui retrace le jour fatidique du 11 septembre 2001, heure par heure, minute par minute, de six heures zéro zéro à vingt-trois heures zéro huit.

« Où étiez-vous ce jour-là ? Que faisiez-vous quand vous avez appris ? »

Cette question que posent les auteurs, en préambule de leur document, affirmant à raison, que « le 11 septembre 2001 fut un événement unique, l’un de ces moments rares dans une vie où on a l’impression d’être confronté à l’inconcevable et de toucher l’histoire », écrivent-ils encore.

Nous nous souvenons tous des propos ironiques au lendemain de la tragédie. Des journalistes répondaient à Francis Fukuyama, qui voyait dans la démocratie libérale américaine la fin de l’histoire, affirmant que le 11 septembre l’histoire était revenue de vacances. Nous nous souvenons aussi que c’était une époque plus insouciante. Dix ans plus tôt paraissait La Fin de l’histoire et le Dernier Homme de ce même Francis Fukuyama, venant répondre à l’effondrement de l’URSS. Et il prétendait que la fin de la guerre froide marquait le triomphe planétaire de la fin de l’histoire.

Nous nous souvenons encore que Samuel Huntington gagna une célébrité soudaine, grâce à son ouvrage Le Choc des civilisations, dans lequel la guerre froide n’avait rien d’une paix planétaire mais signifiait plutôt le commencement d’un choc des civilisations, avec des affrontements culturels, religieux, ethniques. Le 11 Septembre semble confirmer les idées de Huntington, alors qu’il invalidait la thèse de son adversaire Fukuyama.

Cette journée-la-plus-longue, fut un cauchemar pour le grand nombre d’entre nous.

On croit tout connaître de ce jour-là… Les Boeing percutant le World Trade Center, les désespérés sautant dans le vide pour échapper à l’enfer, les tours qui s’effondrent en recouvrant Manhattan d’une poussière de mort, le Pentagone lui aussi en feu… 

Si nous avons été secoués, frappés de plein de fouet, c’est parce que le 11 septembre à 6 heures du matin, au moment même où cette si longue journée allait commencer, il n’y avait aucun moyen pour nous d’imaginer un telle tragédie humaine possible. Et même, nous ignorions encore que cette journée allait entrer par effraction dans l’histoire, et lui donner un tout nouveau sens.

Pourtant, « au-delà des images obsédantes qui reviennent en boucle sur nos écrans à chaque commémoration, au-delà de nos émotions vives et de la douleur ineffaçable des familles des disparus, savons-nous ce qui s’est vraiment passé tout au long de cette journée ? »

C’est bien à cette judicieuse question que les deux auteurs de ce document comptent bien répondre. Car si le recul nécessaire est aujourd’hui possible, à vingt ans de distance, nous disposons de « milliers de documents officiels » déclassifiés ainsi que de sources accessibles comme des enquêtes, des auditions, des dépositions, des notes, de mémos, des journaux personnels, des bandes sonores, des enregistrements vidéos, etc.

C’est donc, dans les coulisses du 11 septembre, que ce livre vous emmène. C’est dans une journée d’horreur et dans la plus grande tragédie qui a frappé les États-Unis dans toute son histoire, que les deux auteurs proposent de nous plonger. Pour comprendre comment et pourquoi « ce jour-là le monde a changé, et sans doute aussi notre idée de l’homme et de l’avenir ».

Si aujourd’hui les tours jumelles ne font plus partie du skyline de Manhattan, leur fantôme hante toujours cette ville. Comme cette terrible journée nous hante depuis déjà vingt ans. Un peu comme si nous savions que l’ennemi intime pouvait à tout moment nous replonger dans la barbarie. En tout cas, ce 11 septembre-là nous l’a fait savoir… Et c’est tout le mérite de l’ouvrage de Nicole Bacharan et Dominique Simonnet de nous le faire ressentir.

Marc Alpozzo

Nicole Bacharan & Dominique Simonnet, 11 septembre, le jour du chaos, Perrin, août 2021, 384 pages, 22 eur

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