Ada de Barbara Baldi

D’une beauté pure !

Comment ne pas tomber sous le charme d’Ada, ce roman dramatique et inquiétant ! Comment puiser assez de larmes de son corps pour épancher la tristesse éclairante de cette partition graphique ? deuxième bande dessinée de cette jeune artiste italienne qui nous fait déjà languir de son prochain album.

Quand on était en ville tout était plus simple et y avait ta mère, on n’était pas que nous deux. »

Ada, si triste et si lumineuse

Cette jeune femme vit seule avec son père, bucheron, quelque part en Autriche au début duXXe siècle sous la rudesse du climat qui n’a rien de comparable à celle de son père, bien plus révoltante. Ils habitent dans une masure dans la forêt, lui travaille son bois, Ada doit respecter les consignes ou plutôt les ordres et ce, à la lettre, elle n’a pas d’autres alternatives que de lui obéir telle une esclave, le servir, le nourrir. La tristesse du départ de sa femme l’a envahi et sa colère se retourne contre sa fille, seule spectatrice.

L’art comme seul rêve

L’échappatoire d’Ada à la tyrannie de son père est le dessin et la peinture et elle doit le leurrer, se cacher pour assouvir sa création, seule raison d’être avec la nature qui l’entoure. Elle utilise un subterfuge pour l’accompagner en ville afin de rencontrer la bourgeoisie locale pour présenter ses œuvres et ainsi tenter de percer en tant qu’artiste, un doux rêve semé d’embûches. Vivra t’elle son rêve ?

Hymne à Klimt

Par besoin de trop de textes pour s’émerveiller, chaque page est un tableau que l’on aimerait accrocher sur ses murs, malgré l’ambiance d’un pays et d’une vie austère et rude, chaque planche illumine notre regard et nous hypnotise par ses nuances, cette légèreté qui n’est que complexité. Des pleines pages qui mettent en avant le lieu, l’ambiance ou la situation et une galerie de dessins en fin d’album pour confirmer tout l’art narratif de Barbara Baldi.

A part le père, les personnages me paraissent dignement inspirés des œuvres de Klimt, les regards et expressions romanesques, tristesse et joie mêlées.

Le dessin du père est en deçà des autres éléments et personnages, peut être volontaire pour le rendre plus effrayant et antipathique ?

Si je n’ai pas été assez clair, une pure beauté que je vous recommande.

Xavier de la Verrie

Barbara Baldi, Ada, traduit de l’italien par Laurent Lombard, Ici Même février 2019, 120 pages, 24 eur

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