Gary Cooper, le prince des acteurs
Bien qu’il fût une superstar hollywoodienne, il existe peu de livres parus en France le concernant. Injuste oubli que vient compenser Adrien Le Bihan, dont le moins que l’on puisse dire est qu’il connaît son Coop (surnom de Gary) par cœur.
Faut-il rappeler la carrière de ce grand (au moins par la taille) comédien ? On se souvient surtout de lui pour ses westerns. Et pour cause : il fut l’un des rares à avoir exercé le métier de cow-boy (gardien de troupeaux) dans sa jeunesse. Il connaissait sur le bout de son lasso les us et coutumes de cette profession mais avait aussi entendu suffisamment d’histoires pour savoir que le cow-boy revu et corrigé par Hollywood n’était que foutaises. Gary expliqua ainsi que rares étaient les garçons vachers à se balader avec un flingue en ville…
Cela ne l’empêcha pas de tourner Le train sifflera trois fois — son film le plus célèbre — qui, quand on y regarde de près, ressemble plus à un polar qu’à un western (mais les deux genres sont plus proches qu’il n’y paraît). Cooper apparut aussi dans le mythique Vera Cruz où la sobriété de son jeu contrastait avec les excès de son partenaire Burt Lancaster.
Quand il n’était pas à cheval, Gary était dans des drames, des mélodrames et quelques comédies. Il tourna même sous la direction de Billy Wilder un film ayant Paris pour décor…
une immense filmographie
Le Bihan reprend cette filmographie œuvre par œuvre. Certaines sont vite expédiées — car de peu d’intérêt — d’autres, au contraire, bénéficient d’un traitement de faveur. Tout cela est très documenté … jusqu’à en devenir, parfois, un peu indigeste. Dans mon enfance, on appelait certains gâteaux des étouffe-chrétiens. Raconter l’intrigue d’un film jusque dans ses moindres détails, sur plusieurs pages, me fait un peu le même effet. Un peu de concision allégerait le propos sans nuire à la narration. Chacun ses goûts. Je suis plus tropézienne que quatre quarts breton…
Heureusement, l’auteur ne se contente pas de raconter image par image les grandes prestations de Gary. Il évoque — sans trop s’y attarder, donc avec le tact nécessaire — les innombrables conquêtes de cet acteur. Car il suffisait à Cooper d’apparaitre quelque part pour que dames et demoiselles tombent en pamoison ou se précipitent dans son lit (ou les deux). La liste est longue et (sûrement) incomplète. Une nouvelle partenaire dans un film devenait presque immanquablement une partenaire d’une ou plusieurs nuits. Certaines (rares) eurent accès aux draps de soie coopériens pendant plusieurs années…
Mais, à la différence d’un Errol Flynn, Gary Cooper n’était pas homme à se vanter de ses réussites avec la frange féminine. Il était un authentique gentleman, attentif et discret. Satisfaire le sexe faible comptait parmi ses atouts et, à ce jour, aucune donzelle ne s’est jamais plainte.
Toutefois, l’aspect le plus intéressant me paraît être son amitié avec Ernest Hemingway. Une amitié profonde, sincère et indéfectible. Certes, ces deux olibrius avaient la mauvaise habitude de massacrer le gros gibier mais ils ne pouvaient se passer l’un de l’autre, s’écrivant quand leurs métiers les éloignaient. L’alcool faisait souvent office de troisième partenaire.
Tout Cooper est donc là : dans ses films, avec ses femmes et autour de son ami. Bien entendu, je résume, je synthétise car l’ouvrage fait plus de 350 pages bien tassées. Donc on y apprend forcément plein de choses. Et c’est tant mieux.
Même si j’apprécie le très ancien livre de Stuart Kaminsky (paru aux éditions France-Empire en 1981), j’admets que le véritable ouvrage de référence est Gary Cooper, le prince des acteurs de M. Le Bihan. Il y a tout. Et même un peu trop…
Philippe Durant
Adrien Le Bihan, Gary Cooper, le prince des acteurs, Lettmotif, mai 2021, 358 pages, 26 eur