Dans l’ombre du loup, le polar d’Olivier Merle

Cela fait trois mois que le capitaine Hubert Grimm a été muté de Montpellier à Rennes. Plutôt discret sur sa vie, il prend ses marques et mène de petites enquêtes avec ses trois enquêteurs. Quand le Commissaire lui demande de recevoir un membre de la haute société locale, avec le plus d’égards possibles. Le motif : quelques appels et une lettre anonyme. Rien de bien engageant. C’est pourtant ainsi que commence Dans l’ombre du loup d’Olivier Merle, qui conduira le lecteur de surprises en surprises…

Une enquête si banale

[…] j’ai de plus en plus l’impression que nous avons affaire à une histoire très complexe et que cela, hélas, nous ne l’avons pas compris au début.

Kerdegat est imbuvable. Prétentieux, autoritaire, c’est lui qui donne ses instruction à Grimm parce que, quand même, une lettre anonyme ! Pour ne pas déplaire au commissaire, Grimm va subir ce plaignant et ouvrir officieusement une enquête. Quel ennui ! Et pourtant, est-ce anodin si un scooter sans plaques d’immatriculation suit Kerdegat de son domicile à son entreprise. Y aurait-il une vraie menace ? Qui, à part tout le monde, pourrait en vouloir à cet homme odieux, mais surtout : qu’a-t-il a cacher ? Kerdegat est-il vraiment une innocente victime ?

L’enquête va suivre un chemin sinueux car ce qui paraissait simple se révèle de plus en plus complexe. Plusieurs lignes se croisent et viennent faire douter Grimm : Mais le titre est trompeur, car si le loup existe bel et bien, il n’interviendra que comme un deus ex machina avec beaucoup trop d’arbitraire et d’artificiel pour ne pas gâcher, à la fin, un peu le plaisir que le lecteur avait eu jusqu’alors. Resteront quelques scènes fortes, un meurtre dont l’image hantera longtemps…

un roman humaniste

Hubert Grimm est un personnage complexe. C’est vraiment un homme auquel on va s’attacher rapidement. Sa vie se passe entre le commissariat, où il tente de s’oublier dans des enquêtes, et son petit appartement où il nourrit sa dépression… Et son histoire personnelle ainsi que son obsession de la colapsologie à la fois fait rire mais inquiète, son psychiatre et ses troupes. Car la petite équipe vit cette enquête au rythme d’un développement de leurs relations humaines, et c’est une grande réussite du roman. Ermeline se découvre, Eric et Corentin forme un duo impayable et débonnaire, tout est en place pour que cette petite équipe vive de nouvelles aventures.

Si Dans l’ombre du loup n’est pas un polar exceptionnel, l’intrigue est cependant bien menée et il se lit avec beaucoup de plaisir. La lenteur qui qui s’impose d’entrée puis le rythme qui s’accélère est un effet réussit. Et si la résolution est un peu faible, on passera outre quelques menus défauts pour un premier roman policier qui vaut largement son plaisir de lecture par l’analyse psychologique de ses personnages et la vie qui y est insufflée.

Loïc Di Stefano

Olivier Merle, Dans l’ombre du loup, XO, 541 pages, 21,90 eur

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