Y a pas de bon dieu ! Amila l’anar

Voici la réédition du premier roman publié à la Série noire par Jean Amila, alias Jean Meckert. Ce dernier était à l’époque connu pour Les coups, publié en pleine occupation et salué par André Gide. Mais Meckert éprouve des difficultés pour publier ses romans, sans compter les problèmes d’argent. Marcel Duhamel lui propose alors de publier des polars se déroulant aux Etats-Unis (au début du moins) : Jean Amila est né et Y a pas de bon dieu ! est son premier roman.

Un pasteur face au capital

« Je sais que cela ne signifie rien pour le profane, mais je suis pasteur du rite méthodiste. J’ai besoin de le dire au début de cette confession. S’il y a des hommes de cœur pour me lire, ils comprendront peut-être qu’on a besoin d’affirmer sa foi pour se sentir vivre. »

Désormais prisonnier, Paul Wiseman raconte son histoire. Celle du petit village de Mowala dans la Wyoming où il officiait comme prêtre. Lui et sa communauté voient arriver un consortium qui veut construire un barrage, ce qui nécessite de noyer le village. Personne n’est d’accord, Wiseman le dit en chaire… et se fait péter un genou. Wiseman ne baisse pas les bras pour autant, essayant de canaliser la colère des villageois. Et puis il y a Amy, une fille qui s’amourache de lui. On découvre bientôt que leur terre regorge de Pechblende, un minerai utile pour la filière atomique. Tout cela finira très mal…

Un roman de révolte

Dans leur préface, Stéphane Delestré et Hervé Delouche expliquent que Meckert a dû s’inspirer de l’édification du barrage de Tignes. En tout cas, on est face à un roman très sombre, décrivant une société où les gens ne sont rien face aux projets des grands consortiums (plus tard les multinationales). On sait aussi que Amila/Meckert s’engagera avec force contre les essais nucléaires et leurs conséquences en Polynésie, prendra des risques aussi avec La vierge et le taureau. Ce roman est celui d’un révolté, de sensibilité anarchiste. Et cela fonctionne toujours. Alors essayez donc Jean Amila.

Sylvain Bonnet

Jean Amila, Y a pas de bon dieu ! , Gallimard « Série noire », préface de Stéphane Delestré et Hervé Delouche, novembre 2024, 208 pages, 12 euros

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