Alfred Hitchcock L’Homme de Londres

Faire une biographie sous forme de bande dessinée n’est pas tâche aisée. Dans un livre classique vous pouvez tartiner autant que vous voulez, ajouter des pages et des pages, vous noyer dans les détails, etc. Ici, point de fioritures. Il faut être précis et concis. 

Heureusement Noël Simsolo connaît son boulot. Il n’a plus à prouver sa connaissance quasi encyclopédie du cinéma (relisez ses entretiens avec Sergio Leone !) ; d’autant qu’il a même goûté à la réalisation de long métrage (il est aussi le scénariste de l’inénarrable Change pas de main !). Ce joyeux Noël a judicieusement opté pour des chroniques voire des saynètes afin de cerner la personnalité et le parcours de Me Hitchcock. Des petites touches qui en disent long et qui évitent la bio fastidieuse.

L’homme de Londres : naissance du héros national

Inutile de traquer la faute, l’erreur colossale, il n’y en a pas. Ici tout est garanti pure vérité… Tout au plus les exégètes pourront pinailler sur les inévitables « trahisons » dues à la fiction. Mais il faut voir cette BD comme on voit un biopic à la télé ou au cinéma : les règles de la narration n’y sont pas les mêmes que pour un documentaire.

On redécouvre ainsi comment ce bonhomme avec un drôle de nom a débuté dans le cinéma britannique, se déclarant prêt à tout faire, y compris à vilipender le travail (médiocre) de ses collègues. On y retrouve aussi son goût pour la plaisanterie et les gags souvent scabreux. De plus — et c’est un élément important — son épouse y tient une place prépondérante alors que nombre de biographes l’ont laissée dans l’ombre. 

Des chapitres d’une vingtaine de pages chacun retraçant les grandes lignes de son début de carrière. Car l’Alfred se montra si prolifique que plusieurs albums seront nécessaires pour tout raconter ou, au moins, narrer l’essentiel. 

Le dessin de Dominique Hé est sobre et efficace. En noir et blanc épuré (parce que ça coûte moins cher et que c’est dans la tradition du cinéma de l’époque) avec des cadrages originaux et des décors bien rendus. Les phylactères (ça fait chic de les appeler comme ça !) sont à la bonne taille et le lecteur ne croule pas sous le poids de textes interminables comme dans les dernières pages de tous les albums de Tintin ! 

Une première approche de Sir Alfred

Au final une approche intéressante de sir Alfred. Qui intéressera ceux qui veulent en savoir plus sur le parcours de ce maître incontesté du septième art et du suspense. Bien entendu, les amateurs qui veulent prolonger ce voyage se plongeront dans les « vraies » biographies. Les touffues, les débordantes, les indigestes. La bande dessinée est à la biographie ce que la bande-annonce est au péplum. 

Quant au titre de l’album – L’homme de Londres – c’est aussi celui d’un film de 1943… tiré d’un roman de Georges Simenon. Hitchcock n’y eut rien à voir puisque cette œuvre fut réalisée par le bien Français Henri Decoin. 

Philippe Durant

Noël Simsolo et Dominique Hé, Alfred Hitchcock, tome 1 : L’homme de Londres, Glénat, octobre 2019, 157 pages, 25,50 eur

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