Ion Mud, un bel album SF sauce Niheï
Ion Mud est un premier album et nous savons bien que le talent n’attend pas blablabla, mais l’adage se vérifie par moment pour notre plus grande satisfaction. Une nouvelle pépite à glisser dans votre liste d’incontournables, pour les amateurs de SF, mais pas que. Car oui la couverture nous annonce la couleur : nous voici embarqués dans le futur le moins humain et le plus incertain qui soit.

« Le ciel dépasse toujours ce qui dépasse la mesure. »
Nous suivons la quête de Lupo qui parait impossible. Cet homme solitaire perdu dans un vaste monde sans vie ou plutôt fait de dangers impitoyables. Il recherche inlassablement depuis 40 ans la façon de trouver la solution de passer une porte monumentale pour retrouver les siens. Ce vieil homme n’est pas sans ressources, il s’adapte, il est malin et prudent. Car dans ce monde immense de métal, de couloirs sans fin mais surtout d’animaux, d’extra-terrestres, ou les deux assemblés. La loi qui s’applique ici, est celle du plus méchant mais spécialement du plus gros qui mange le plus petit. Lupo continue son voyage dans cette ville ou vaisseau gigantesque, il cherche aussi des moyens de subsister, de l’énergie pour se déplacer ou se protéger. Il fait preuve de raisonnement mais la chance participe aussi à sa survie.
Il va faire deux rencontres déterminantes. La première, un personnage en train de mourir va lui donner un objet dont il ne connaitra la signification et l’usage que plus tard. La seconde, une tribu d’humains, qui résistent dans ce monde brutal et apocalyptique. Ils vont peut-être l’aider à franchir une Torana, cette grande porte noire qui change de place, présente dans une zone proche.

un hommage au maître
L’influence de Tsutomu Nihei est évidente. Et sans égaler le maître du genre, Amaury Bündgen s’en sort brillamment. A grand renfort de noir, de détails et de monstres il a su marquer sa place. Il a non seulement créé des décors immenses et vertigineux, avec force détails de ce monde futuriste composé de galeries, de trous béants, d’engins multiples. On s’imagine perdu dans un espace sans fin, sans végétation, sans soleil, en tout cas sans lumière naturelle apparente. Il est difficile de déterminer si nous sommes sur terre ou dans l’espace, il n’y a que trop peu d’indices.
Amaury Bündgen a également conçu des espèces animales mutantes, de toutes tailles, qu’elles soient extra-terrestres ou transformées au fil des siècles. D’apparence anodines sur quatre pattes, volantes, ou encore visqueuses et bien d’autres, il propose un bestiaire effrayant.
Aucun ennui, nulle lassitude ne nous prend jamais pour parcourir les 300 pages de Ion Mud. Nous sommes entrainés et impatients de découvrir ce qui se passe derrière chaque passage, chaque aventure mais surtout derrière cette porte noire. Vous le saurez en arrivant au bout de ce roman noir et blanc futuriste magnifique.
Xavier de La Verrie
Amaury Bündgen, Ion Mud, Casterman,janvier 2021, 296 pages, 25 eur
